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Après avoir voté un nouvel accord de pêche (UE-Maroc) qui inclut les eaux territoriales du Sahara occidental, elle se dit prête à contribuer à la résolution du conflit sahraoui.
La question sahraouie a incontestablement mis en exergue les inconséquences de l’Union européenne. Comment, en effet, dans le même temps encourager l’occupation du Sahara occidental, participer à la spoliation de ses ressources qui reviennent de droit à son peuple et se proposer pour parvenir à une solution juste et équitable de ce conflit. Explications.
Le 28 novembre dernier, l’accord de pêche proposé entre le Maroc et l’UE destiné à s’appliquer au Sahara occidental occupé a été adopté par les ministres de la Compétitivité de l’UE. Une décision qui venait de piétiner l’arrêt de la Cour de justice européenne qui a invalidé l’accord de pêche conclu entre l’Union européenne et le Maroc en décembre 2010. Elle ne pouvait absolument pas l’ignorer à partir du moment où la Cour de justice européenne avait souligné que l’UE et le Maroc l’ont appliqué, au Sahara occidental, sans qu’ils aient jugé utile de tenir compte du «statut séparé et distinct» du Sahara occidental qui, rappelons-le, est inscrit sur la liste de l’ONU des territoires qui restent à décoloniser.
La sentence est tombée comme un couperet. «Compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l’accord de pêche», avaient jugé les magistrats européens. «En concluant cet accord, l’Union européenne (ndlr) a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination», ont souligné les juges de la Cour européenne dans leur arrêt rendu, le 27 février 2018. En votant une nouvelle mouture qui inclut les territoires sahraouis, l’UE a, sans coup férir, pris position en faveur de l’annexion du Sahara occidental par son allié marocain et foulé aux pieds la légalité et la justice internationales. Et c’est dans un tel climat qu’elle a envenimé et qui jette le discrédit sur elle, qu’elle se dit prête à contribuer aux mesures susceptibles de créer un climat positif pour les discussions, traduisant ainsi notre soutien total aux efforts de l’ONU, dans la foulée de la table ronde sur le conflit du Sahara occidental qui s’est tenue les 5 et 6 décembre à Genève. «Il faut utiliser cet élan et poursuivre activement les discussions dans un esprit de compromis.
Les entretiens de Genève ont à juste titre mis l’accent sur des questions essentielles telles que la coopération régionale, la création d’emplois, le développement régional, la stabilité et la sécurité ainsi que la jeunesse», a déclaré la porte-parole de l’UE, Maja Kocijancic, De quel compromis s’agit-il? De celui qui permettra la consécration de l’annexion du Sahara occidental par le Maroc? Le respect de la légalité internationale est une ligne rouge à ne pas franchir. Bruxelles a osé. Une démarche qui «disqualifie» l’Union européenne qui porte au front le respect des droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.