Le PDG de la compagnie Air Algérie Mohamed Salah Boultif s’est exprimé hier sur les pertes dues à la grève de quatre jours menée par le personnel navigant commercial (PNC) durant la semaine passée.
Sur le réseau international, Air Algérie a accusé une perte de 31,7 millions de dinars (environ 3,17 millions d’euros) du fait d’un déficit de 20 000 passagers non transportés sur les 34 000 qui devaient l’être durant ces journées de grève. Invité par la Chaîne III, le PDG d’Air Algérie s’est dit pour un compromis visant à préserver les intérêts des travailleurs et de l’entreprise.
Avant le début des négociations prévues hier dans l’après-midi, le premier responsable d’Air Algérie a décliné sur les ondes de la radio les propositions qu’il comptait faire au personnel. Il a avancé un taux de 20% d’augmentation des salaires de tous les salariés du groupe, expliquant à ce sujet : «Nous ne pouvons pas traiter ce volet de manière corporative, sinon les autres corps de la compagnie revendiqueront la même chose que le PNC.»
Pour le nouveau PDG, la situation financière n’est pas alarmante, mais elle n’est pas également reluisante. «Nous avons une marge de manœuvre, mais avec des lignes rouges», a-t-il précisé au sujet de la situation financière de la compagnie publique. Le PDG d’Air Algérie «espère trouver un compromis» sur les revendications des employés.
Concernant les autres revendications exprimées, à savoir le classement du personnel navigant commercial au même titre que les pilotes, co-pilotes et les conditions de travail (la construction d’un bloc spécial pour le personnel), le PDG s’est montré disponible pour discuter sur ces points et a apporté les réponses nécessaires. Pour ce qui est du statut, les personnels ont réclamé d’être alignés sur celui des pilotes puisqu’ils sont soumis à la même mobilité et aux mêmes risques en matière de sécurité.
Pour l’heure, ils sont payés comme le personnel au sol. Le Syndicat du personnel navigant a aussi réclamé et obtenu la levée de toutes les mesures disciplinaires et de licenciement contre le personnel en grève, soit 150 personnes. S’agissant des vols de rattrapage après la suspension du mouvement social du PNC vendredi dernier, le PDG d’Air Algérie a indiqué que tout est rentré dans l’ordre sauf le cas de 150 passagers à Lyon qui ont été transportés durant la journée d’hier sur un vol supplémentaire.
Les appareils affrétés seront gardés, selon les explications de Mohamed Salah Boultif, car «nous avons prévu de renforcer nos capacités durant la période de retour de notre communauté à l’étranger», en précisant que pas moins de 7 appareils ont été sollicités, sans révéler le coût de cet affrètement.
Cela dit, les négociations «directes» entre la compagnie nationale Air Algérie et le collectif du personnel navigant commercial (PNC – stewards, hôtesses de l’air) devaient débuter hier dans l’après-midi sous la médiation du SG de l’Union générale des travailleurs algériens, Abdelmadjid Sidi Saïd. Les deux parties avaient conclu, jeudi en début de soirée, un accord pour mettre un terme à un débrayage entamé «sans préavis».
Selon le communiqué du ministère des Transports, l’accord prévoyait «en premier lieu» la reprise du travail du PNC, la levée par la suite des sanctions de licenciement prononcées par l’entreprise à l’encontre de «certains agents» de ce collectif et enfin «la poursuite des négociations salariales entre les deux parties à compter de la semaine prochaine».
Le secrétaire général du Syndicat du personnel commercial navigant, Yacine Hammamouche, a souligné, dans une déclaration à notre journal, qu’il ne cédera «sur rien et qu’il défendra jusqu’au bout les revendications du personnel». Quant aux propositions du PDG sur les augmentations de 20% des salaires à tous les travailleurs d’Air Algérie, notre interlocuteur se dit «déçu».
«Que chacun soit payé à sa juste valeur. Les autres corps de la compagnie peuvent demander d’autres droits. Je suis contre les déclarations du PDG sur les revendications corporatistes. C’est une fuite en avant», a estimé le SG du PNC. A la lumière de ces déclarations, les négociations s’annoncent ardues.
Par Farouk B