L’ancien chef de gouvernement et membre de la délégation algérienne aux négociations des accords d’Evian, M. Redha Malek, a souligné lundi, que les dirigeants de la Révolution algérienne « avaient rejeté tout au long de ces négociations toutes les propositions présentées par la France hypothéquant la souveraineté nationale après l’indépendance ».
Lors d’une conférence donnée à l’école supérieure des sciences politiques à Alger, à l’occasion du 51ème anniversaire de la fête de la victoire, M. Malek a indiqué que les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) « avaient rejeté toutes les propositions présentées par la France durant les négociations parce qu’elles limitaient la souveraineté nationale et hypothéquaient l’indépendance nationale arrachée par le peuple au prix de lourds sacrifices ».
Les négociations d’Evian, qui avaient débuté le 20 mai 1961 et avaient été suspendues à plusieurs reprises, ont été marquées par l’obstination de la partie française, cette dernière ayant avancé trois propositions rejetées par la délégation algérienne.
Ces propositions concernaient le maintien du Sahara algérien et la base navale de Mers El-kébir (Oran) sous domination française, et la question du million de Français établis en Algérie, a expliqué M. Malek.
A propos de ces trois propositions, a rappelé M. Malek, la délégation algérienne avait campé sur sa position au sujet du Sahara qu’elle était déterminée à défendre coûte que coûte, avant de convenir avec la délégation française du maintien des investissements français au Sahara pendant une durée de trois ans, notamment après la découverte de pétrole.
Pour ce qui est du statut des Français d’Algérie après l’indépendance, le conférencier a souligné que les deux parties sont parvenues à un accord accordant un délai de trois ans aux Français pour choisir la nationalité algérienne ou de garder leur nationalité française et être traités conformément aux lois qui régissent les étrangers en Algérie.
S’agissant de la Base navale de Mers El-kébir, M. Malek a rappelé la proposition présentée par la partie française selon laquelle la France exploiterait la Base pendant 99 ans. Le rejet de cette proposition par la délégation algérienne étant catégorique, il a été convenu d’accorder une concession de 15 ans à la France.
En définitive, la France évacuera Mers El-kébir en 1967 avant l’expiration du délai de concession énoncé dans les accords d’Evian, a poursuivi M. Malek, soulignant que la délégation algérienne avait rencontré des difficultés pendant les négociations au sujet des relations diplomatiques et économiques entre les deux pays après l’indépendance, la délégation française ayant tenté de réduire la souveraineté de l’Algérie dans les domaines de la politique étrangère, la défense et les affaires économiques.
Grâce à l’intransigeance de l’Algérie et son refus d’hypothéquer son indépendance pour laquelle se sont sacrifiés un million et demi de martyrs, les accords d’Evian furent signés le 18 mars 1962 et le cessez-le-feu décrété le lendemain par les deux parties, a conclu M. Malek.