Le Caire a annoncé jeudi qu’il y avait « 90 % » de chances qu’il existe des pièces cachées derrière le tombeau de Toutankhamon. Une découverte qui ravive l’espoir de retrouver la dernière demeure de la légendaire reine Néfertiti.

Néfertiti, y es-tu ? L’Égypte a annoncé, jeudi 17 mars, la découverte plus que probable de deux « pièces cachées » dans la tombe du jeune pharaon Toutankhamon. Ces pièces pourraient contenir les restes de la mythique reine morte plus de 1 330 ans avant Jésus-Christ. Les murs ont été scannés pour révéler, avec un taux de certitude de « 90 % », des espaces contenant « des matériaux organiques et métalliques », a assuré Mamdouh al-Damati, le ministre égyptien des Antiquités, lors d’une conférence de presse.

Découvrir les restes de Nefertiti dans le même tombeau que Toutankhamon, c’est l’espoir que nourrit l’égyptologue britannique Nicholas Reeves. C’est lui qui a encouragé le scientifique et expert japonais des techniques de radar Hirokatsu Watanabe à faire des relevés sur place.

Chercher la femme

L’archéologue britannique soutient, depuis octobre 2015, que la construction du tombeau de Toutankhamon ressemble davantage aux lieux de sépulture féminins de l’Égypte antique. La mort précoce du jeune pharaon, décédé alors qu’il avait environ 19 ans, aurait pris les architectes de l’époque de court. Forcés de trouver un lieu pour enterrer le pharaon, ils auraient choisi d’agrandir le tombeau des épouses du souverain Akhenaton.

Toujours d’après Nicholas Reeves, la taille des murs qui cachent les pièces secrètes indique que l’une d’elles doit avoir été réservée à une personnalité importante. Néfertiti semble être la candidate idéale, puisqu’elle était la favorite d’Akhenaton.

Mais tout le monde ne partage pas la théorie du Britannique, à commencer par le ministre égyptien des Antiquités Mamdouh al-Damati lui-même. Celui-ci n’exclut pas la possibilité de retrouver enfin la dernière demeure de Néfertiti, mais il penche pour une autre hypothèse. Selon lui, les restes d’une autre des femmes d’Akhénaton (il en a eu quatre), ou bien une de ses sept ou huit filles pourraient occuper la mystérieuse pièce cachée.

Qui que soit le voisin secret de Toutankhamon, ce serait « le premier cas connu d’un tombeau dans un autre tombeau en Égypte », rappelle Mehdi Tayoubi, président de l’Institut HIP qui mène depuis fin 2015 une autre mission pour percer les mystères de plusieurs pyramides grâce aux innovations technologiques.

Comprendre un radar

Cependant, cet expert, contacté par France 24, souligne qu’il y a encore trop d’incertitudes pour tirer de conclusion définitive. La technique de scanner a simplement « permis de démontrer qu’il existait une espace jusque là inconnu derrière les murs », souligne-t-il. Cela ne signifie pas pour autant qu’on a affaire à une construction humaine : il peut s’agir d’une cavité naturelle. Mais les relevés des radars qui indiquent la présence possible de matière organique ou métallique semble aller dans le sens de l’œuvre humaine.

Encore faut-il avoir bien analysé les relevés du radar. Pas simple, assure au « National Geographic » Remy Hiramoto, un spécialiste américain de micro-électronique qui travaille sur le décryptage de données radar. « C’est comme un test de rorschach [test psychologique d’analyse des formes] », explique-t-il. Il faut être très entraîné pour faire la différence entre du métal, de la matière organique ou autre chose.

Surtout, ces déductions doivent être corroborées par d’autres techniques d’exploration, assure Mehdi Tayoubi, de l’Institut HIP. Il existe actuellement plusieurs procédés non-intrusifs qui permettraient d’affiner les conclusions. « Il est possible d’utiliser une méthode acoustique [chercher comment le son se propage, NDLR], avoir recours à d’autres types de scanners ou encore utiliser des rayons à infrarouge sur plusieurs mois », explique cet expert. C’est, d’après lui, un mélange de plusieurs approches qui permettra d’être sûr à 100 % et non pas à 90 %. Il assure qu’avec toute la technologie à disposition, il est impensable de ne pas attendre d’être certains des résultats avant de percer un chef d’œuvre comme le tombeau de Toutankhamon. La beauté légendaire de Nefertiti vaut bien la peine d’attendre encore un peu.

Reste à savoir si le blason touristique de l’Égypte peut, lui, patienter encore longtemps. Comme le souligne le « New York Times« , cette annonce ne peut mieux tomber, à l’heure où cette destination est de moins en moins prisée par les touristes, refroidis par l’instabilité politique et les récentes attaques jihadistes.