Les arrestations des émissaires des groupes terroristes activant au Sahel se sont multipliées depuis août 2012. Necib Tayeb, alias Ishak Essoufi, l’émissaire de Droukdel et chef de la commission juridique au sein d’Aqmi, a été arrêté en août 2012 à Berriane (Ghardaïa), alors qu’il tentait de regagner le nord du Mali.
L’ émissaire du Mujao, Abou Hafs Abdeldayme, a été arrêté à son tour le 1er juin dernier à Timimoune, alors qu’il détenait des lettres secrètes pour l’émir d’Aqmi.
En juillet dernier, deux autres émissaires d’Aqmi ont été appréhendés à Oued Souf, alors qu’ils venaient de Tunisie pour aller au Mali. Les groupes terroristes activant au Sahel sont en train de vivre une étape très difficile depuis leur création, cela après les arrestations successives de leurs émissaires, dépêchés par leurs émirs pour différentes missions délicates.
On parle ici de l’arrestation de plusieurs émissaires envoyés par Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), des « Moulathamounes « et des « Signataires par le Sang«.
La première grosse prise exécutée par les services de sécurité remonte à août 2012, le jour où le chef de la commission juridique d’Aqmi et émissaire de Droukdel, Necib Tayeb, alias Ishak Essoufi, avait été appréhendé par les services de sécurité à Berriane, à Ghardaïa, avec deux de ses acolytes.
L’émissaire avait pour mission de réconcilier les émirs en conflit, notamment Abou Zeid (tué en mars 2013 lors des bombardements de l’aviation française), Abou Alqama (mort également dans un accident de la route) et Mokhtar Belmokhtar (le miraculé des frappes françaises).
Ces trois émirs étaient en conflit et le courant entre chefs terroristes ne passait plus. C’est la raison pour laquelle l’émir national d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, a été contraint d’envoyer son émissaire, Necib Tayeb, afin d’apaiser la tension qui existait entre les trois émirs et tenter de réconcilier ces derniers.
La mission de Necib Tayeb n’aboutira pas, puisque c’est l’armée algérienne qui va débusquer l’homme en compagnie de ses deux acolytes en pleine route, à Berriane. Surpris par l’assaut des forces spéciales, Ishak Essoufi n’avait aucune chance de s’échapper. Son arrestation avait permis aux services de renseignements algériens de récupérer plusieurs lettres secrètes en possession de Necib Tayeb.
Après ce coup dur porté à Aqmi, les services de sécurité algériens ont réédité le coup, car ce fut au tour de l’émissaire du Mujao, Abou Hafs Abdeldayme d’être arrêté avec trois de ses collaborateurs suite à des renseignements. C’est en juin 2013 qu’Abou Hafs a été appréhendé avec trois de ses collaborateurs sur la RN 51 à Timimoune, dans la wilaya d’Adrar.
L’émissaire du Mujao avait pour mission de transmettre des lettres secrètes à l’émir national d’Aqmi, Droukdel. En juillet passé, deux autres émissaires seront à leur tour arrêtés à Oued Souf, suite à une opération anti-terroriste des éléments de la Gendarmerie nationale du groupement de Biskra. Les deux émissaires feraient partie des «Moulathamounes » de Mokhtar Belmokhtar.
Ils ont séjourné en Tunisie avant de rallier la frontière algérienne pour passer par Oued Souf avant d’aller au Mali, dernière étape de leur mission. Toutefois, cette dernière a avorté grâce aux renseignements parvenus aux gendarmes.
Ces derniers ont suivi les deux terroristes avant de passer à l’assaut. L’armée malienne a déclaré, avant-hier, avoir capturé l’Algérien Nadir Mousbaâ, alias Abou Saïd, l’un des bras droits de l’actuel chef terroriste des « Moulathamoune « devenus « El Mourabitoune « après la fusion avec le Mujao (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès.
L’arrestation de cet Algérien a eu lieu, selon un haut responsable de l’armée malienne vendredi passé, lorsque ce dangereux terroriste, âgé de 51 ans et natif de Ghardaïa, (également ville d’origine de Belmokhtar) a tenté de s’échapper à la vue de l’armée malienne appuyée par celle française et ce, dans la ville de Tessalit (nord du Mali).
D’autre part, Nadir Mousbaâ est considéré comme l’un des plus importants terroristes en activité dans la phalange des « Moulathamoune «. Il est également recherché par les services de sécurité en Algérie, d’autant qu’il est considéré comme étant l’un des acteurs clefs de l’enlèvement suivi de l’assassinat de ressortissants étrangers à Laghouat en 1995.
D’ailleurs, le tribunal de Laghouat avait prononcé la peine capitale à son encontre la même année suite à cette affaire. Avant de rejoindre la phalange des « Moulathamoune « puis les « Signataires par le Sang « dont l’émir n’est autre que Mokhtar Belmokhtar, Nadir Mousbaâ faisait partie d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Pion parmi d’autres de Mokhtar Belmokhtar, Nadir Mousbaâ sera-t-il extradé vers l’Algérie, d’autant que son nom revient dans plusieurs affaires d’assassinats, enlèvements et embuscades perpétrés durant les années noires contre les services de sécurité algériens.
S. Abi