Les participants à une journée d’études sur la problématique des noms des lieux et des personnes, organisée lundi à Blida, ont plaidé pour la mise en place d’une commission nationale chargée de fixer les noms des lieux selon des critères standardisés.
« Il est impératif de mettre en place une commission nationale pour fixer les noms des lieux, comme il est de rigueur de par le monde, tout en soumettant cette commission à des critères fixés par la loi », a soutenu, à cet effet, Dr. Ibrahim Atoui, responsable de l’Unité de recherche sur les systèmes de dénomination en Algérie (RASYD), relevant du Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC).
« L’organisation des Nations unies avait préconisé, dès 1959, la mise en place d’organismes nationaux officiels pour la dénomination géographique des lieux, tout en appelant ses membres à publier une base de données générales susceptible d’être exploitée durant les guerres et les situations d’urgence », a rappelé le conférencier.
Il a indiqué que l’Algérie est considérée parmi les pays les moins lotis en matière de dénomination des lieux, car une majorité de ses nouvelles villes et rues ne portent pas de noms , acculant ainsi les citoyens à les baptiser de noms « improvisés ».
Le Dr. Atoui, également expert auprès des Nations unies, a, aussi, appelé à la standardisation des noms géographiques et des écriteaux des noms des lieux, afin de faciliter la tâche de reconnaissance aux étrangers en visite en Algérie, au même titre qu’aux unités de sauvetage en cas de grandes catastrophes.
Il a, d’autre part, relevé que l’administration n’a pas changé les noms français hérités du colonialisme, exception faite de deux fois, la première en 1963, suite à la promulgation d’un décret portant sur le changement des noms français des communes, et la seconde, en 2014, suite à la promulgation de la loi sur la baptisation des lieux ne portant pas des noms de chouhada de la guerre de libération nationale.
De son côté, DR.Ourdia Bermache, professeur à l’université de Bouzareah et experte en dénomination des personnes, a souligné l’existence de nombreux problèmes au niveau du service d’état civil algérien, notamment concernant l’écriture des noms qui diffère d’un lieu à un autre.
Elle a exhorté les autorités concernées afin de fixer une nomenclature standardisée pour les noms avec leur équivalence en langue française et langue amazigh, du fait de son officialisation comme langue nationale, et ce dans un objectif, a-t-elle dit, de mettre un terme au « quiproquo » hérité de l’administration coloniale française en matière de dénomination des familles et des personnes.
Abritée par l’université Ali Lounici d’El Affroune, cette journée d’études a réuni de nombreux universitaires et experts relevant des secteurs de la culture, tourisme, formation professionnelle, et de la justice, en plus de représentants des services d’état civil des communes de Blida.