ORAN – Des universitaires ont insisté, dimanche à Oran, sur la nécessité d’adhésion de l’intellectuel algérien à sa société avec un nouvel élan à l’ère des « new médias ».
Les participants à une journée d’étude sur les intellectuels et les médias ont souligné que l’époque actuelle est devenue par excellence l’âge des médias basés sur les nouvelles technologies qui ont brisé le monopole de l’élite sur les espaces d’expression.
Le chef du département d’information et de communication de l’université d’Oran-1 « Ahmed Benbella », Rabah Ammar a indiqué que les nouveaux moyens d’information, à l’instar des réseaux sociaux, ont favorisé un nouvel acte culturel reposant sur l’intelligence collective, relevant une « absence volontaire ou involontaire des intellectuels de la scène culturelle. »
Il a ajouté que les médias, notamment les nouveaux, « permettent à l’intellectuel de faire un discours avec le public, de façonner la conscience et de devenir un élément efficace sur la scène culturelle et politique », tout en insistant sur la nécessité d’exploiter ces moyens pour que l’intellectuel soit le miroir de la société dans laquelle il vit.
Pour sa part, Oum El Kheir Toumi, chef du projet « communication et société » au même département a attiré l’attention sur le changement de la nature de la relation liant l’intellectuel à la société.
Les multimédias exigent de l’intellectuel contemporain de renouveler sa relation avec la réalité, a-t-elle souligné, faisant remarquer que l’intellectuel algérien, à l’instar de ses homologues arabes, « vit une situation de disette, d’amnésie ou de manque de vision, soit pour son incapacité de créativité ou à cause d’événements qui ne l’incite pas à celà. »
De son côté, l’enseignant Abdelkader Lekdjaa de la faculté des sciences humaines et de civilisation islamique de l’université d’Oran a abordé l’historique du terme « intellectuel moderne » dans les forums médiatiques lui permettant d’intégrer à la chose publique à travers la presse écrite avant l’évolution de l’audiovisuel.
« L’intellectuel se distinguait par sa présence médiatique aux côtés des opprimés et des marginalisés pour faire triompher les valeurs de l’humanité, de la morale s’alignant à la vérité », a-t-il dit.
Concernant le rôle de l’intellectuel à influencer le public, le conférencier a cité l’exemple du livre « les intellectuels faussaires » de Pascal Boniface qui présente des portraits d’intellectuels français auxquels ont recours les médias dont Bernard Henry Lévy, Marc Adler et Caroline Fourest qui orientent l’opinion publique en France vers des clichés, donnant des informations et autres arguments fallacieux surtout sur l’Islam, le monde arabe et le conflit arabo-israélien.
Fella Benghriba du département de l’information et de la communication a débattu de la relation entre l’intellectuel, le pouvoir et les médias signalant que celle entre les deux premiers éléments représente un long conflit ayant pour objectif de dominer les médias pour conquérir l’opinion publique. « Ce conflit est visible lorsqu’il s’agit de grandes questions politiques, économiques ou même sportives », a-t-elle indiqué, ajoutant que pour conquérir l’opinion publique, « le pouvoir a tendance à marginaliser l’intellectuel dans les médias en l’empêchant d’exercer sa créativité. Par conséquent, il sombre dans l’hibernation et se confine dans ses pensées et ne peut en aucun cas influencer la société. »
Cette rencontre a été initiée par les universitaires et étudiants en master « communication et société » du département des sciences de l’information et de la communication de l’université d’Oran-1 « Ahmed Benbella ».