Elle ne devrait pas avoir lieu avant septembre prochain : La vérité sur la venue du pape François à Oran

Elle ne devrait pas avoir lieu avant septembre prochain : La vérité sur la venue du pape François à Oran

Un pape à Oran. La nouvelle aurait pu passer pour un traditionnel poisson d’avril, puisque donnée dans la première semaine du mois éponyme, n’était l’interview du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, accordée à la chaîne du Quai d’Orsay, France 24. Même s’il n’a pas évoqué la venue officielle du pape François en Algérie, le chef de la diplomatie algérienne a annoncé, à l’occasion de l’entretien télévisé, que “l’Algérie a donné son accord pour la béatification de ces moines et cela a été signifié au Vatican”.

Concernant les sept moines de Tibhirine, il indiquera que leur canonisation “se fera dans quelques mois, dans quelques semaines, à Oran”, alors qu’il sera encore plus évasif à propos de la présence papale, se contentant d’un énigmatique “on verra, pourquoi pas ?”. Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imagination des uns et des autres et déclencher les spéculations les plus hypothétiques sur la probable venue du pape en Algérie.

Qu’en est-il au juste ? Si, pour le moment, l’information n’a pas été suffisamment percutée par l’opinion publique locale, il en est autrement du côté des ecclésiastiques d’Oran. Mais qu’en pense réellement la vox-populi ? Du côté de la chapelle de Santa Cruz, dont la rénovation arrive à ses derniers instants (on parle d’un problème de peinture), une source nous dira que le pape sera sur place, au rendez-vous, le 1er mai, pour inaugurer la basilique. Une date vite balayée par Jean-Paul Vesco, l’évêque d’Oran, qui confirme les propos de Messahel sans pour autant préciser la date de la cérémonie. “Fin du mois de janvier, le pape François a déclaré bienheureux 19 membres de l’église catholique assassinés entre 1994 et 1996 en Algérie.” Bienheureux dans la liturgie catholique signifiant saint et la reconnaissance pontificale étant l’étape avant d’être canonisé. “C’est globalement un témoignage d’une église qui a voulu vraiment rester présente en Algérie malgré les événements qui se sont déroulés à l’époque. Un modèle de vivre ensemble qui mérite d’être donné en exemple. On a beaucoup de saints dans l’église catholique qui peuvent être canonisés dans le temps”, expliquera le premier responsable du Diocèse d’Oran.

La décision du pape prise, la seconde étape du processus est la célébration officielle de la cérémonie de béatification présidée par le Vatican à travers la désignation d’un représentant papal. “Il a dit qu’on peut le faire. La question se posait de savoir où allait avoir lieu cette célébration”, dira notre interlocuteur qui précise, qu’en temps normal, “ces cérémonies se déroulent dans les pays où ces personnes ont vécu, mais étant donné que l’Algérie est un pays musulman, aurait-il été opportun qu’elle se fasse ailleurs, à Rome par exemple”.

Le souhait des évêques d’Algérie est de voir cette béatification se faire en Algérie “parce qu’ils ont vécu ici avec les Algériens et ils sont morts pour dire que nous voulons rester là, au milieu des nôtres. Cela n’avait pas beaucoup de sens de le faire en dehors de l’Algérie, mais on comprend que ça se passe ailleurs”, ajoutera Mgr Vesco.

Pourquoi le choix d’Oran ?

La présence de l’ancien évêque de la ville, Pierre Claverie, assassiné, en compagnie de son chauffeur, le 1er août 1996, sur cette liste, et qui donne son nom à la cause “Mgr Pierre Claverie et ses compagnons”, a naturellement fait pencher la balance du côté d’Oran, répondra notre interlocuteur. “Parfois, les béatifications ne concernent personne, mais là, c’est très public, donc, on aurait compris que cela puisse ne pas se faire en Algérie, mais en fait, et dès le début, le ministre des Affaires religieuses nous a dit qu’il souhaite que ce soit en Algérie, et en Algérie, nous désirerions que ce soit à Oran, ville où a vécu et est mort Pierre Claverie, sinon cela aurait pu être à Alger”. L’accord pris, il fallait se référer au secrétariat d’État du Saint Siège (faisant office de ministère de l’Intérieur et des Affaires étrangères) seul apte à designer une date, un lieu et la personne qui devra célébrer la cérémonie. “Ce n’est pas nous qui décidons, donc, pour pouvoir désigner le lieu, il fallait au préalable l’accord d’Alger, la date, c’est quand c’est possible puisqu’il faut un certain nombre de mois pour l’organiser, mais, théoriquement, cela ne se fera pas avant septembre prochain”, indiquera Mgr Vesco. Reste l’identité de la personne qui devra célébrer l’office ? “Aujourdhui, ce qui est certain, c’est qu’il va y avoir béatification, le pape l’a décidé. Cela se passera à Oran, parce que si Alger a donné son accord, il n’y aucune raison que le Vatican s’y oppose. Concernant l’identité de celui qui devra venir, nous souhaitions qu’à cette occasion­, il faut dire aussi depuis longtemps, une visite du pape. Plusieurs fois, on a invité l’actuel pape et son prédécesseur Benoît XVI. On est allé le voir, moi et l’archevêque d’Alger, on l’a rencontré en septembre dernier pour parler des béatifications qui allaient venir et pour lui dire qu’on serait heureux de le voir célébrer la cérémonie. Ce à quoi, il a répondu : ‘Pourquoi pas ?’”, racontera l’évêque d’Oran. Une réponse qui vaut presque une affirmation d’autant plus qu’invité à l’occasion de l’inauguration de la basilique de St Augustin à Annaba, il avait répondu que ce n’était pas à l’ordre du jour. “Évidemment, c’est un chef d’État et il doit être invité officiellement par un chef d’État. Nous, en tant qu’évêques, il est normal qu’on invite le pape, il aurait pu décliner l’offre, mais on a senti une réelle adhésion de sa part à ce voyage”, dira-t-il en substance.

En attendant, tout le monde reste dans l’expectative, pour le moment, “on n’a pas encore été contacté”, expliquera Mgr Vesco, alors qu’une source communale affirme que, jusqu’à l’heure actuelle, rien ne leur a été signifié officiellement à propos de cette question.

Saïd OUSSAD