National Geographic met en avant le potentiel touristique de l’Algérie

National Geographic met en avant le potentiel touristique de l’Algérie

Longtemps resté dans l’ombre, le potentiel de l’Algérie en tant que prestigieuse destination touristique se révèle désormais au grand jour. Depuis quelques mois, les reportages sur les chaînes de télévision, les articles dans la presse spécialisée et les récits de voyage vantant les beautés de l’Algérie se multiplient.

Le dernier en date a été publié ce 10 octobre 2022 par le magazine américain de renommée mondiale, National Geographic. Son reporter, Parhenry Wismayer, s’étant rendu en Algérie visiter nos anciennes villes fortifiées, les ruines romaines et les sables du Sahara, il en est revenu bouleversé. Voici son passionnant récit.

(i) Traduit de l’anglais et résumé depuis : nationalgeographic.com

L’Algérie, un géant du tourisme qui se cache à la vue de tous

Depuis la tour de guet, au-dessus du labyrinthe de ruelles étroites et de toits serrés, Ghardaïa apparaît comme un tableau de cubes pastel enchevêtrés. Les seuls signes de modernité sont les haut-parleurs qui ressortent des les minarets en terre cuite au sommet de chaque colline. Sinon, nous pourrions y contempler une scène de n’importe lequel des dix derniers siècles.

En dépit de sa proximité avec l’Europe et de sa vaste étendue sur la côte nord de l’Afrique — à peu près la taille de l’Alaska et du Texas réunis — l’Algérie et ses spectaculaires sites sont peu connus des voyageurs en dehors de ses frontières.

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« L’Algérie est l’un des pays où il est le plus difficile d’entrer », explique Andrew Farrand, chargé de mission pour l’Afrique du Nord à l’Atlantic Council (groupe de réflexion sur les affaires étrangères). « Sur les quelque deux millions de touristes qui arrivent chaque année, la plupart sont des membres de la diaspora algérienne qui rentrent chez eux pour rendre visite à leur famille. Seule une poignée d’entre eux sont des visiteurs étrangers. »

Ghardaïa est une ville antique du sud algérien. Dans son livre de 1963, La Force des choses, la philosophe existentialiste française Simone de Beauvoir a décrit Ghardaïa comme "un tableau cubiste magnifiquement construit".

« C’était (Ghardaïa) un tableau cubiste, magnifiquement construit ». – Simone de Beauvoir

Pour ceux qui sont prêts à surmonter les obstacles bureaucratiques, l’Algérie est sans doute l’une des destinations les plus gratifiantes que vous pouvez atteindre depuis l’Europe continentale. Aujourd’hui, le pays incarne un endroit stable, estiment les experts. On déconseille uniquement les voyages dans les zones frontalières avec la Libye et le Niger.

L’héritage de la colonisation française et l’impact de la « décennie noire »

Les origines de l’anonymat de l’Algérie se trouvent dans un passé récent. Entre 1830 et 1962, le pays subissait le joug de la domination de l’empire français. L’indépendance intervient en 1962 après une guerre sanglante qui a duré huit ans et qui a fait des millions de morts.

« Les efforts barbares de la France pour détruire la culture algérienne ont engendré un profond sentiment anti-occidental », explique Adel Hamaizia, chercheur à l’université de Harvard. « Au lendemain de ces événements, le pays nouvellement indépendant voulait, avant tout, reconstruire et protéger son identité religieuse et culturelle. »

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Dans les années 1990, alors que le tourisme vers les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, connaissait une forte hausse, l’Algérie était embourbée dans ce que ses habitants appellent la « décennie noire ». Une insurrection islamiste qui a déclenché une guerre civile sanglante et prolongée.

Pourquoi le tourisme peine-t-il à se développer en Algérie ?

Ce bouleversement intérieur a engendré chez les Algériens une attitude envers les visiteurs étrangers qui est, sinon hostile, du moins indifférente. La procédure de demande de visa est byzantine. La promotion du tourisme est inexistante. Lors de mon voyage au printemps, le seul guide sur lequel j’ai pu mettre la main était un guide de poche Berlitz d’occasion publié en 1990.

carte touristique de l'Algérie

Le désintérêt du gouvernement pour le tourisme, selon de nombreux observateurs, s’explique par la domination économique des hydrocarbures. Le secteur pétrolier et gazier représente 20 % du PIB de l’Algérie, tandis que le tourisme ne pèse que 0,1 %.

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Ainsi, « la malédiction du pétrole touche tous les secteurs », explique M. Farrand. « L’industrie des hydrocarbures donne à l’État algérien l’argent dont il a besoin pour éviter le dur travail de développement de secteurs plus complexes comme le tourisme. » Selon des rapports récents, la flambée des prix du pétrole et du gaz suite à la guerre en Ukraine a fait que l’Algérie a dépassé de 70 % ses objectifs d’exportation pour le premier semestre 2022.

Voyager en Algérie : d’innombrables merveilles à découvrir

Néanmoins, les avantages de venir ici sont nombreux. L’Algérie est, à plusieurs égards, un géant qui se cache à la vue. Dans la bande de terre fertile qui longe sa côte méditerranéenne se trouvent des villes historiques comme Constantine, Oran et la capitale Alger. Les anciens avant-postes romains Djemila et Timgad (patrimoine mondial de l’UNESCO) comptent parmi les sites archéologiques les mieux préservés d’Afrique du Nord. Au sud, dans l’intérieur du Sahara, les mers de dunes des grands Ergs se fracassent contre les massifs de grès du Hoggar et du Tassili n’Ajjer.

Ruines romaines de Timgad (Batna, Algérie)

Site de Timgad (Batna), patrimoine mondial de l’UNESCO.

Peu d’endroits incarnent la tension entre l’insularité de l’Algérie et son potentiel touristique comme Ghardaïa, la terre ancestrale des Mozabites, quatrième plus grande tribu berbère d’Algérie. Cette ville-oasis tentaculaire est un lieu où la vie algérienne est la plus traditionnelle.

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C’est le début de l’après-midi à El Atteuf, l’un des cinq ksours au sommet des collines Pentapolis. Autrefois entités distinctes, les cinq villes fortifiées ont fusionné en une conurbation labyrinthique qui serpente le long de la vallée desséchée de la rivière M’Zab. La philosophe française Simone de Beauvoir l’a un jour comparée à « un tableau cubiste, magnifiquement construit ».

Du reste, pour explorer la ville de Ghardaïa, il est indispensable d’avoir un guide. Les règles que les conseils religieux ont établies n’autorisent l’entrée aux étrangers qu’à certaines heures de la journée, et seulement en compagnie d’un chaperon local. Certaines femmes mariées s’habillent en haïk, un vêtement blanc qui entoure le corps et la tête, ne laissant apparaître qu’un seul œil. Les transports motorisés sont interdits. Le ramassage des ordures se fait encore à dos d’âne.

Un tourisme encore au stade embryonnaire, mais une hospitalité instinctive

Mon guide, Hassissane Hadjsmael, nous conduit à travers les ruelles tranquilles. Au milieu de la journée, lorsque la plupart des habitants de la vallée font la sieste, seules des bandes d’enfants timides peuplent les ruelles. La cohérence architecturale de la citadelle est le résultat de normes séculaires de conception et de décoration. De près, on peut voir des murs enduits d’argile puis parsemés de feuilles de palmier pour détourner la chaleur du soleil.

Touaregs mengeant leur repas dans le Sahara algérien

Chez les Algériens, l’hospitalité et le partage sont des valeurs instinctives !

Hadjsmael nous fait passer par une porte basse pour pénétrer dans une maquette d’intérieur. La maison se présente sous la forme d’un quadrilatère à piliers avec un toit ouvert. De beaux tapis ornent les renfoncements de chaque côté. La plupart des maisons des vieilles villes gardent encore ce cachet malgré les concessions faites au 21e siècle. « Mon appartement est similaire, dit Hadjsmael, mais j’ai une grande télévision plasma ».

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À la périphérie se trouvent les palmeraies, des bosquets de palmiers dattiers dont les fruits constituaient autrefois l’épine dorsale de l’économie locale. Aujourd’hui, les propriétaires ont transformé leur anciennes résidences d’été en maisons d’hôtes. Dans l’une d’elles, je rencontre des voyageurs de l’Ohio assis dans une tente berbère écouter un musicien râblé dans un turban touareg vert foncé jouant de l’oud sous un olivier chargé de fruits.

« On sent que beaucoup de gens en Algérie désirent partager leur pays avec le monde », dit Katelyn Jarvis. « Presque toutes les interactions que nous avons eues se sont traduites par une invitation à visiter les villes des gens ou à partager un repas chez eux. »

Parhenry Wismayer conclut son article par cette sentence : « Le tourisme n’en est qu’à ses débuts ici, mais l’hospitalité y est instinctive. »