A 36 ans, l’ancien attaquant des Verts carbure comme un jeune de 20 ans. Nassim Akrour a non seulement terminé la saison avec Istres en réalisant un triplé face à Châteauroux (5-3 pour Istres), mais avec ses 14 buts inscrits en 33 matchs, il vient de dépasser de deux longueurs le meilleur attaquant actuel des Verts évoluant en Europe, à savoir Rafik Djebbour et ses 12 buts.
Une performance qui en impose et qui le place au sixième rang de la Ligue 2, mais au premier rang parmi tous les joueurs africains du championnat. Nous l’avons joint au téléphone, hier, afin de le faire parler un peu sur cet exploit, mais aussi sur le match des Verts contre le Maroc. Akrour a également accepté de nous brosser un portrait rapide de son ancien coéquipier à Grenoble : Sofiane Feghouli.
Nassim, vous continuez à nous étonner, même à 36 ans, en marquant 14 buts et en devenant le meilleur buteur africain de la Ligue 2, après avoir inscrit un beau triplé contre Châteauroux (5-3 pour Istres)…
Et bien, j’essaie de maintenir la cadence. Je fais de mon mieux et des fois, comme vous voyez, ça finit par sourire. Je ne fais pas exprès (il rigole). Mais c’est vrai que c’est toujours intéressant de savoir qu’on est présent sur le terrain et que le boulot est bien fait.

Même si le titre est honorifique, mais le fait d’être le meilleur Africain de la Ligue 2 vous procure sans doute un peu de fierté, non ?
C’est sûr que ça me rend fier. Mais pas plus que ça, car je me sens encore dans le coup et je ne m’attarde pas trop sur mon âge. En fait, je ne savais même pas que j’étais le meilleur buteur africain de la Ligue 2. Vous me l’apprenez à l’instant et ma foi, ça fait toujours plaisir d’être bon quelque part.
Comment avez-vous vécu cette saison ?
Très bien, les sensations étaient bonnes et je pense avoir donné le meilleur à titre personnel.
Franchement, on ne voit pas ces 36 ans peser sur votre rendement…
C’est gentil. Moi non plus, je ne les sens pas en fait (il sourit). J’essaie de jouer comme je le sens, sans trop me poser de questions sur mon âge. Vous savez, tant que j’arrive à suivre le rythme physiquement et mentalement, je ne me vois pas arrêter.
Vous êtes donc bon pour une saison de plus ?
Peut-être même pour quatre ans de plus ! (Il rigole). L’envie est là et tant que le rendement n’est pas ridicule, cela voudra dire que je suis encore dans le coup. Il n’y a pas de raison d’arrêter quand on est compétitif.
Vous avez déjà discuté avec les dirigeants pour rempiler la saison prochaine ?
Oui et non, si vous voulez… Mais je pense que tout va bien se passer pour que je joue encore la saison prochaine.
Toujours à Istres ?
Oui, en principe je devrais rester à Istres. Mais on verra cela plus tard avec les dirigeants. D’abord, je vais prendre quelques jours de vacances pour me reposer et puis on verra cela à mon retour.
Vous passerez où vos vacances ?
En Algérie pour voir la famille et les amis. C’est l’endroit que je préfère le plus. Je m’y suis toujours bien senti.
Vous suivrez sans doute le match des Verts contre le Maroc. Un mot sur l’équipe actuelle ?
Oui, naturellement, je suivrai ce match comme toujours. L’Equipe actuelle ? Eh bien, elle fait son chemin comme toutes les autres. Elle est en phase de reconstruction pour le moment. Il faut lui laisser un peu de temps avant de la juger. Il y a eu beaucoup de changements et il faudra donc que les joueurs et le coach trouvent leurs repères pour espérer voir les résultats qu’on attend d’eux.
Avez-vous gardé des contacts avec les joueurs de l’EN ?
Franchement, je ne connais personne dans cette équipe. Le seul avec qui j’ai gardé contact parmi les anciens, c’est Raouf Zarabi qui ne joue pas lui non plus dans cette équipe. Sinon, je ne connais personne parmi les nouveaux.
Sauf peut-être un tout nouveau qui va rejoindre bientôt les Verts…
Je ne vois pas qui, franchement…
Sofiane Feghouli…
Ah, bon ? Mais il a joué pour la France et je croyais sa décision définitive.
Non, non, il n’a jamais joué avec les A de l’Equipe de France et il vient juste de confirmer, par le biais de la FAF, sa décision de jouer pour l’Algérie de manière officielle…
Je ne le savais pas, vous venez de me l’apprendre. C’est bien s’il a décidé de jouer pour l’Algérie. J’espère qu’il va réussir avec les Verts.
Quel profil pourriez-vous nous dessiner de Feghouli, vous qui l’avez côtoyé à Grenoble ?
Qu’est-ce que je peux vous dire à son sujet ? (Il réfléchit un moment). Je dirai que c’est un joueur très… particulier. Oui, c’est ça. Il est très particulier comme joueur. Mais il est encore jeune et on ne peut pas encore le juger à son âge. Il faudra lui laisser le temps de trouver ses marques, de gagner en confiance et là, il pourra exprimer tout son potentiel. Sinon, c’est indéniable que Sofiane est un footballeur qui a de la qualité. Je préfère ne pas trop parler de lui pour l’instant, car il est encore tout jeune et c’est l’avenir qui dira s’il saura gérer cela correctement ou pas.
Quand on vous entend parler de l’Equipe nationale, on ne peut pas s’empêcher de penser que vous êtes un peu frustré d’avoir été écarté de l’équipe. On se trompe ?
Mais personne ne m’a écarté de l’Equipe nationale !
Comment cela ?
Eh bien, c’est vrai que j’ai eu des embrouilles avec Saâdane durant la CAN 2004 en Tunisie et ça s’est très mal passé entre nous. Mais par la suite, il m’a rappelé en Equipe nationale et c’est moi-même qui ai décidé de ne plus répondre aux convocations. Notez bien cela, personne ne m’a viré de l’EN.
Pourquoi avoir donc décidé de tourner le dos à l’EN ? Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à prendre une telle décision ?
C’est principalement à cause de la mauvaise gestion de l’époque et du manque de sérieux à tous les niveaux. Tout le monde connaît les problèmes qu’on vivait nous les joueurs, quand on venait jouer pour le pays. J’entends dire que ça a changé aujourd’hui et tant mieux pour les joueurs et l’image de l’Equipe nationale. Mais moi, j’ai vécu des choses pas bien. C’est ce qui m’a fait décider de ne plus y retourner.
Beaucoup de gens pensaient que vous aviez votre place durant les éliminatoires et même pour le Mondial, puisque vous marquiez plus de buts que ceux qui avaient été retenus à votre poste. Vous partagez cet avis ?
Si c’est moi qui l’ai dit, les gens auraient pensé que c’est subjectif. Mais puisque ça vient des autres, cela veut dire que c’est quelque part vrai et je suis enchanté d’apprendre que certains aient pensé à moi. Personnellement, je n’ai pas à me vanter, mais je le dis en toute sincérité, je crois que j’avais le potentiel pour jouer les éliminatoires et même le Mondial. Mais bon, ce qui est passé est passé et on ne peut rien changer aujourd’hui.
Quand vous voyez jouer les Verts, vous n’avez pas des pincements au cœur ?
C’est sûr que j’ai toujours ces pincements au cœur ! Il s’agit tout de même de l’Equipe d’Algérie ! Je ne peux rester insensible à cela. J’y ai passé du temps et j’ai défendu le maillot avec mes tripes. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas.
Mais en toute franchise Nassim, est-ce que vous ressentez de la frustration en pensant à l’EN et à tout ce que vous avez raté avec cette équipe ?
Je ne suis pas un homme aigri, si c’est cela que vous voulez savoir. C’est sûr que j’aurais souhaité avoir une meilleure carrière internationale, car je m’en sentais capable. Mais bon, on ne refait pas la vie…
Le 4 juin, l’Algérie affrontera le Maroc à Marrakech. Qui voyez-vous vainqueur de ce derby ?
Je dirai que le Maroc va gagner par 1-0 chez eux, devant son public. Mais si les Verts arrivent à bien gérer le match, je vois l’Algérie capable d’arracher le nul. Je dirai donc 1-0 pour le Maroc ou alors 1-1.