En quinze jours seulement, soit depuis le début du mois de ramadhan, cette activité a envahi les trottoirs de plusieurs wilayas du pays. Selon l’Union des commerçants, 400 nouveaux marchés informels auraient été mis en place.
Ainsi, les trottoirs des plusieurs villes du pays dont Alger, Constantine, Bouira et autres, sont devenus des espaces de vente de toutes sortes de marchandises (alimentation, habillement etc.). Le commerce informel en Algérie n’est pas un phénomène nouveau puisqu’elle compte déjà 2 000 marchés de trabendo, selon les statistiques de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ce qui est incroyable, c’est qu’en quinze jours seulement, soit depuis le début de ce mois de ramadhan, cette activité a envahi les trottoirs de plusieurs wilayas du pays. Selon l’UGCAA, 400 nouveaux marchés informels auraient été mis en place.
Prenons par exemple la capitale, devenue un marché à ciel ouvert. Les marchands ambulants n’ont jamais été aussi nombreux à Bab El Oued, El Biar, Bouzareah, El Harrach et autres. Ils sont partout, les rues sont squattées quotidiennement par des centaines de vendeurs qui ont installé leurs étals sur les trottoirs, à l’intérieur des immeubles et sur la chaussée. Certains ferment même l’accès aux magasins du quartier. Ils sont là toute la journée et après le ftour, car les citoyens sont en chasse de vêtements de l’Aïd et pourquoi pas pour la rentrée scolaire.
Il est à souligner que le retour en force de l’informel a été constaté après les émeutes (de l’huile et du surcre), le 5 janvier 2011, qui ont éclaté notamment au niveau de la capitale. Depuis, les autorités de contrôle ont arrêté la chasse au trabendo. Une année après, l’activité informelle est en train d’augmenter en l’absence de toute lutte, d’ailleurs les étals des jeunes sont installés devant les services de l’ordre. Il est vrai que les jeunes qui vendent toutes sortes de marchandises sur les trottoirs et dans des espaces publics sont des chômeurs et disent que cette activité «est la seule manière d’assurer leur gagne-pain en l’absence d’un travail stable et réglementé». Mais, comment ces jeunes arrivent à s’approvisionner en tonnes de marchandises, généralement chinoises ?
155 milliards de dinars en trois ans
En mars dernier, le ministre du Commerce Mustapha Benbada avait déclaré que par le passé il était (l’informel) «un simple refuge pour les sans-revenus», son expansion a dé-sormais des «objectifs occultes visant le gain facile, l’enrichissement illicite, l’évasion fiscale…». Pour preuve, dira M. Benbada, sur les trois dernières années, les services du ministère du Commerce l’ont évalué à «155 milliards de dinars via les pratiques frauduleuses». Pour sa part, le Forum des chefs d’entreprises algériens (FCE) avait rendu publics, le 18 mai 2009, les revenus annuels du secteur informel avoisinant les 6 milliards d’euros (600 milliards de dinars), soit l’équivalent de 17% de l’ensemble des revenus primaires nets des ménages algériens. Ainsi, le gouvernement est conscient de la montée de l’informel mais aucune mesure ne semble arrêter cette activité qui prend de l’ampleur. Dans ce cadre, on peut citer quelques mesures annoncées par le gouvernement afin de réduire l’informel. Outre le programme de construction de grands espaces de commerce normalisés, les jeunes ont bénéficié d’exonérations fiscales variées comme le non-paiement de l’impôt forfaitaire unique sur deux ans et des abattements aussi, après ce délai, qui atteindront 70% pour la première année, 50% la seconde et 25% la troisième année. Selon une enquête de l’Office national des statistiques (Ons) effectuée durant le 4e trimestre 2010, en dix ans le chiffre des Algériens qui travaillent au noir a «plus que doublé», passant de 1,6 million en 2001 à 3,9 millions en 2010. Il est à noter que la liste des produits vendus dans l’informel en général est longue : on peut citer la pièce détachée, l’électroménager, les cosmétiques, les produits alimentaires, l’informatique, l’ameublement et le textile. Cependant, tout le danger est dans les produits alimentaires exposés toute la journée au soleil. D’ailleurs, l’UGCAA parle de «cinq mille tonnes de produits périmés mis sur le marché depuis le début de ce ramadhan».
Par Nacera Chennafi