Peu loquace depuis trois mois,le défenseur du club qatari d’Al Sadd et de l’équipe nationale a accepté de se confier au Temps d’Algérie et à son correspondant en France, Mohamed Bouguerra, qui l’a eu par téléphone jeudi dernier à 18h30, heure de Doha. Une interview vérité où Nadir Belhadj a accepté de revenir sur les trois mois écoulés, sur le match amical Algérie-Tunisie et sur le grand rendez-vous qui attend les Verts en mars prochain, Algérie-Maroc. Une interview vérité comme l’enfant du quartier Tirigo (Victor Hugo) d’Oran en accorde peu.
Le Temps : Salam Aleykoum Nadir Belhadj, cela fait un petit moment qu’on ne vous entend plus ou qu’on ne vous lit plus dans les médias nationaux. Vous vous faites de plus en plus rare. Comment allez-vous ?
Nadir Belhadj : Aleykoum Salam, c’est vrai que je me suis fait discret ces derniers temps, parce que mes activités professionnelles ne nécessitaient pas un intérêt particulier de la presse, que je n’avais rien à dire de spécial et que j’ai préféré me concentrer sur mon travail en club avec l’arrivée de mon nouveau coach.
Justement, que pensez-vous de l’arrivée de ce nouveau coach à Al Sadd ?
En ce qui me concerne, l’arrivée de l’entraîneur uruguayen Jorge Daniel Fossati Lurachi a été très bénéfique. C’est un entraîneur dans la plus pure tradition de son pays, l’Uruguay, dont la tradition est de former de grands défenseurs. C’est un entraîneur qui ne jure que par la défense et le travail, et depuis son arrivée, nous tournons à deux grosses séances d’entraînement comme la majorité des clubs professionnels de la planète.
Je peux vous dire que, pour un bourreau du travail comme moi, avoir un coach comme Fossati, ce n’est que du bonheur et défensivement j’apprends beaucoup à son contact. Même en ce qui concerne le club, l’arrivée du coach Fossati est une bonne affaire, puisqu’il avait déjà entraîné Al Sadd il y a quelques années, donc il connaît la maison.
On vous a annoncé de retour en France durant ce mercato, alors info ou intox ?
Intox totale, je suis bien au Qatar, je suis heureux, en famille et bien installé à Doha où je dispose de toutes les conditions pour exercer mon métier. Pourquoi voulez-vous que je revienne en Europe pour évoluer dans des conditions inférieures, que ce soit en termes d’infrastructures sportives, de conditions de vie et de prétentions salariales ? Je suis dans un grand club qui a beaucoup de moyens, qui évolue dans la Confédération asiatique qui est l’avenir du football.
La Coupe du monde au Qatar, pour vous c’est complètement justifié comme choix ?
Bien sûr que c’est justifié, le dossier du Qatar était le meilleur. La FIFA a reconnu qu’il n’y avait pas photo comparé aux autres dossiers. Le Qatar a largement les moyens d’organiser une Coupe du monde. J’ai eu l’occasion de voir le projet, les maquettes des stades… Déjà aujourd’hui les stades et les installations hôtelières sont magnifiques et permettent à mon sens d’organiser dès aujourd’hui un Mondial, alors après les travaux, en 2022, on aura l’impression d’être dans un film de science-fiction.
Que pensez-vous des grincements de dents de certains pays occidentaux qui n’étaient pas d’accord avec ce choix du Qatar ?
En fait, ces grincements de dents émanaient surtout des pays qui avaient perdu contre le Qatar. Comme on dit ce n’est que de la frustration après une défaite. Mais honnêtement, au fond d’eux ils savaient que leurs dossiers ne faisaient pas le poids.
L’Europe a du mal à comprendre que cette crise économique totale qui la secoue en ce moment ne lui permet plus d’être prioritaire. Plutôt que d’organiser des manifestations sportives mondiales coûteuses, l’urgence en Europe devrait être de trouver du travail aux chômeurs et d’essayer d’endiguer la crise économique.
Votre nom figure dans la liste des 19 publiée par Abdelhak Benchikha pour le match Algérie-Tunise. Quel est votre sentiment ?
Franchement, une très grande joie de retrouver l’équipe nationale, mon pays et mes coéquipiers.
Lors de la dernière interview que vous nous avez accordée, vous n’avez pas aimé la façon dont votre non-sélection face au Luxembourg avait été gérée. Ce différend est-il été aplani ?
C’est vrai que si j’acceptais sans problème qu’on ne fasse pas appel à moi, le coach Benchikha étant le seul maître en la matière, je n’avais pas apprécié de ne pas avoir été prévenu avant la publication de la liste. On s’est expliqué et il n’y a plus de problème, je suis prêt à toutes les concessions pour mon pays. L’équipe nationale, c’est sacré.
Donc vous confirmez avoir reçu un appel de Abdelhak Benchikha ?
Oui, je le confirme, pas une seule fois mais plusieurs fois. Le coach m’appelle souvent pour s’enquérir de ma forme, prendre de mes nouvelles. Mais je vous rassure, il fait ça avec l’ensemble des joueurs, je ne suis pas le seul. J’ai même rencontré le président de la fédération, M. Raouraoua, lors de sa visite à Doha. Cela fait énormément plaisir, car cela veut dire que nos dirigeants se préoccupent de nous.
Vous allez devoir à nouveau partager votre chambre en stage, car votre compagnon de chambrée, Chadli Amri, se trouve aussi dans la liste…
Oui et j’en suis très heureux et je partagerai la chambre avec plaisir (rire). Moi et Chadli nous sommes très proches, nous sommes amis dans la vie et je suis content qu’il soit appelé, car on est ensemble en sélection depuis l’époque où ça n’était pas facile. En plus, c’est un excellent joueur qui n’a jamais eu de chance et qui n’a jamais pu montrer l’étendue de son talent à cause des blessures qui l’ont toujours handicapé. Là il est rétabli, il revient en Bundesliga et son club lui fait confiance, je suis persuadé que ça sera l’homme des prochains matches en équipe nationale incha
Allah. Je suis heureux de retrouver aussi le reste de mes frères de l’EN que je n’ai pas vus depuis de longues semaines. Comment appréhendez-vous le prochain match amical face à la Tunisie ?
C’est un bon test pour nous, pour savoir où nous en sommes réellement. La Tunisie est un grand d’Afrique, qui nous ressemble beaucoup et ressemble beaucoup à notre prochain adversaire, le Maroc. Leur jeu est basé sur la technique, la vitesse, ainsi que sur une assise défensive solide et un milieu créatif, ça va être un beau match. Ce match va vraiment nous servir de répétition générale avant le Maroc, car il va être difficile. Cela peut nous servir de match référence aussi.
Vous pensez déjà à Algérie-Maroc ?
Bien sûr que j’y pense, ça va être «THE DERBY» et je vous garantis que ce match sentira la poudre sportivement bien sûr, car je suis persuadé que contrairement à l’Egypte, le fair-play va régner.
Vous êtes donc optimiste pour cette double confrontation algéro-marocaine ?
Oui, je suis optimiste, car l’équipe nationale ne peut pas avoir perdu son football en deux mois. C’est vrai que nous traversons une mauvaise passe, mais là ça va beaucoup mieux, des blessés comme Amri reviennent, des joueurs retrouvent du temps de jeu en club et le coach est bien installé dans sa fonction, la machine va repartir.
En plus, le positif de cette mauvaise passe c’est que nous sommes redevenu «outsiders», car plus personne ne parie sur nous. Une position d’outsider qui nous a toujours réussi. Face au Maroc, nous serons surmotivés par le caractère derby et par l’enjeu de ce match, à savoir continuer de rêver à la prochaine CAN et je vous assure que dans ces moments-là, nous élevons notre niveau de jeu.
Vous préférez jouer vos matchs à Blida ou au 5 Juillet ?
Je préfère jouer mes matchs en Algérie dans mon pays. Blida, Alger, Oran ou le Sahara, peu importe tant qu’il y a des Algériens qui mettent le feu en tribune. Car dans toutes nos victoires, le public algérien a toujours eu sa part égale de mérite avec les 11 joueurs qui étaient sur le terrain. En Algérie on peut parler de douzième homme.
Excellente conclusion. A bientôt à Alger pour le stage des Verts…
A bientôt incha Allah et merci.
M. B.