Scandale après scandale, la Sonatrach n’en finit pas de révéler des secrets tus jusque-là. Bien avant l’arnaque d’Anadarko dont la presse a fait écho, il y a eu celui des fameuses mines de Tamanrasset.
L’on se rappelle, le ministre de l’Energie et des Mines de l’époque, brandissant triomphalement un lingot d’or à l’entrée de la mine d’Amessmessa. Un lingot qui s’est révélé un simple leurre pour «soulager» l’Algérie de centaines de millions de dollars.
En reproduisant le cheminement de l’histoire de ces deux affaires et leur genèse, l’on retrouve curieusement les mêmes personnes. Des étrangers, d’origines australo-canadienne venus dans notre pays, pratiquement les poches vides pour se les remplir au grand dam de la loi. En consultant le site de cette entreprise partenaire de l’Enor, une filiale de Sonatrach, un nom retient l’attention, celui de J.François Gauthier, créateur de GMA Ressources, une joint-venture d’Anadarko avec Sonatrach AVAL pour l’exploitation des mines d’or d’Amessmessa. Or ce dernier manager qu’on dit proche de l’ancien ministre algérien de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, est aussi associé à Anadarko. Tantôt vice-président de Business Development & Résident Manager en Algérie chez Anadarko Petroleum Corporation où il a travaillé depuis 1982 avant de prendre récemment sa retraite, un autre, il est à la tête de la Gold Mine Algeria (GMA Ressources) qui serait une création de la compagnie pétrolière américaine Anadarko. Les deux entreprises ont eu maille avec Sonatrach qui, curieusement, s’est fait «arnaquer». Et encore plus curieusement l’on retrouve dans le sillage le même manager. Il faut savoir que la genèse de ce partenariat remonte à l’année 2003. GMA Ressources a vu le jour trois ou quatre semaines avant l’ouverture du capital de l’entreprise d’exploitation des mines d’or, Enor, filiale de Sonatrach. Le partenariat avec la compagnie australienne, GMA Ressources, seul prétendant à rentrer dans le capital de l’Enor, a été financé par des subventions accordées par la banque et la Sonatrach. Un marché où GMA Ressources se taillera la part du lion en détenant 52% du capital. Les nouveaux partenaires de l’Enor devaient participer par un apport financier de 14 millions de dollars. Un capital que n’aurait jamais apporté GMA Ressources. Celle-ci ne cesse de réaliser des bilans négatifs depuis 2003 en dépit des prêts bancaires consentis par la BEA à l’Enor qui bénéficiera de 100 millions de dollars. Le gisement d’or de la mine d’Amessmessa et de Tirek devait représenter quelque 6 tonnes de produit aurifère. Ce rêve d’eldorado algérien s’est évaporé pour laisser la place à la fermeture inexpliquée de la mine de Tirek et ensuite la réduction de la production à quelques centaines de kilos d’or par an. GMA a eu à recourir à l’importation de colossales quantités de produits chimiques, dont 220 000 kilogrammes de cyanure de sodium (N.CN), 6 000 litres d’acide nitrique, 150 000 litres d’acide chlorhydrique et bien d’autres acides. Fermée en juillet 2007, la mine de Tirek, dans la wilaya de Tamanrasset, servira d’alibi à certaines importations qui n’apparaissant nulle part tant la gestion des mines d’or d’Amessmessa et de Tirek est opaque. Les équipements seront démantelés et embarqués pour une destination inconnue laissant à son passage une pollution qui risque de porter préjudice à la nappe phréatique agressée par des infiltrations massives de produits toxiques. Las de «ce trou perdu», l’australien GMA Ressources a fini par vendre des parts d’actions à l’égyptien Orascom, à l’insu même de son partenaire algérien minoritaire à hauteur de 48%. Gestion occulte ou techniques managériales «modernes», le cas des mines d’or d’Amessmassa et de Tirek est pour le moins insolite. Sonatrach reprendra la main puisque le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, avait déclaré à partir de Doha, en marge du 20e Congrès mondial du pétrole avoir «(…) pris la décision de reprendre la totalité des actions de GMA-Ressources dans Enor et tous ses intérêts dans la mine de Tirek-Amesmessa», ajoutant que «des sociétés juniors, comme GMA, on n’en veut plus. Il nous faut des sociétés qui ont l’expérience, les financements et les moyens techniques nécessaires. C’est un projet situé dans des régions difficiles, et qui nécessite beaucoup d’investissements et d’expertise». Les investisseurs internationaux réagissant à la découverte du scandale de l’étude erronée faite au gouvernement algérien, laquelle avait conclu que les mines de Tirek et d’Amesmessa pouvaient produire entre 3 000 et 4 000 kg d’or par an, soit 250 kg par mois, alors qu’il s’est avéré que ces mines ne pouvaient en réalité produire qu’environ 20 kg d’or/mois. L’annonce faite par le P-DG de GMA ayant fait part de la découverte de la plus importante mine d’or en Afrique après le Congo ne fut donc qu’un leurre dont l’objectif était d’escroquer l’État algérien. Un document révèle que l’ancien directeur régional de la société exploitation des mines d’or avait avisé l’ancien ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khalil, le Groupe Sonatrach et les experts de la Banque extérieure d’Algérie, que la déclaration du
P-DG de GMA est infondée et que son objectif était d’arnaquer le gouvernement algérien. Personne n’avait cru bon de réagir à l’époque et tout le monde s’est contenté de regarder passer le train !
Par Azzedine Belferag