Jamais un ministre de la Communication n’a abordé la question épineuse et problématique de l’Entv avec autant de franchise.
Farida Belkessam, présentatrice du Journal télévisé de 20 heures à la Télévision algérienne, semblait très gênée, jeudi soir, en évoquant le passage du ministre de la Communication, Nacer Mehal, à l’APN. La raison? Les critiques formulées ouvertement au sujet des prestations fournies par la Télévision algérienne. Le ministre, à l’image de tous les Algériens, n’est pas content du produit présenté par l’Entv, malgré tous les moyens mis à sa disposition et il le dit haut et fort. Un pas que ses prédécesseurs n’ont jamais osé franchir.
«L’heure est aux réformes. Il est d’une nécessité impérieuse d’insuffler un nouvel élan qualitatif afin d’améliorer les prestations de la télévision en y associant tous les acteurs qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise», a souligné M.Mehal dans une déclaration à la presse en marge d’une séance plénière de l’APN consacrée aux questions orales.
Jamais un ministre de la Communication n’a osé aborder la question épineuse et problématique de l’Entv avec autant de franchise. Certains ministres estimaient même qu’ils avaient moins de pouvoir que le directeur général de l’Entv. Cette nouvelle orientation est préconisée par le président de la République lui-même. Lors de l’audience consacrée au secteur de la communication, Abdelaziz Bouteflika a exprimé sa colère contre la grille de la télévision algérienne.
En effet, l’Entv a été largement critiquée pour les programmes qu’elle a diffusés pendant le mois de Ramadhan. D’ailleurs, le ministre a présenté officiellement ses excuses aux téléspectateurs algériens pour la diffusion de ces programmes. Une première, puisque jusqu’ici tous les ministres avaient défendu bec et ongles l’Entv, fût-elle médiocre.
Ainsi, après avoir modernisé l’APS, en créant un service photo professionnel et numérique, en adaptant l’agence algérienne aux normes technologiques modernes et surtout après l’avoir dotée d’un siège à la hauteur des ambitions africaines et internationales, l’ancien correspondant de l’APS à Washington, Nacer Mehal, donne un coup de pied dans la fourmilière.
Fort des directives du président de la République, Nacer Mehal se trouve libéré, renforcé dans ses missions de ministre de la Communication. Désormais, il marque son passage au gouvernement comme le ministre de la communication qui a secoué la tour d’ivoire dans laquelle s’est enfermée l’Entv.
Cela à commencer par le Journal télévisé pour aboutir, selon certaines sources, à d’autres programmes, comme la création d’émissions de débat politique où l’opposition est invitée à donner son avis. La «perestroïka» est en train de souffler sur l’Unique, les prochaines semaines, voire jours seront décisifs pour l’avenir de l’Entv. Nacer Mehal a estimé que les réformes engagées au niveau du secteur de la communication visent essentiellement à améliorer le service public des médias.
Concernant l’éventualité de la création de nouvelles chaînes de télévision, M.Mehal a indiqué que le problème ne se situait pas au niveau de leur création mais plutôt à celui des capacités matérielles nécessaires notamment la possibilité de produire des programmes à même d’assurer une diffusion non-stop.
Enfin, le ministre a souligné l’importance d’encourager les producteurs et créateurs dans le domaine de l’audiovisuel pour qu’ils puissent «répondre aux attentes des téléspectateurs».
L’éthique journalistique était au coeur de l’intervention de tout ministre du secteur. Il a, dans ce sens, souligné l’importance du respect des règles déontologiques dans l’exercice de la profession de journaliste pour garantir le droit du citoyen à l’information.
En réponse à une question orale d’un député lors d’une séance plénière, sur l’accès aux sources d’information, le ministre a indiqué que «ni le journaliste ni l’institution ne peuvent décider de l’accès aux sources d’information». C’est une culture à développer entre la source et le média, a-t-il expliqué.
Rappelant que l’accès aux sources d’information n’est pas chose aisée même dans les pays les plus développés dans ce domaine.
Cela étant, le ministre promet des améliorations dans la communication institutionnelle annonçant qu’un cycle de formation sera organisé fin octobre au profit des chargés de communication au niveau des départements ministériels en vue de promouvoir une communication de qualité.
Achira MAMMERI