Des états généraux de la communication pourraient avoir lieu en septembre, a annoncé hier à Oran M. Nacer Mehal, ministre de la Communication, lors d’une rencontre qu’il a tenue avec les éditeurs et les journalistes de la région Ouest pour « discuter, écouter et recueillir les propositions sur l’ensemble des aspects qui touchent le domaine de l’information ».
Parmi les points soulevés : la protection du journaliste et la mise à sa disposition des instruments et des dispositifs qui lui garantissent le libre accès aux sources de l’information, une liberté d’expression en respectant celle d’autrui, et une formation permanente pour lui permettre de suivre l’évolution des événements, d’en saisir la complexité éventuelle pour pouvoir en rendre compte de façon intelligible et crédible dans les différents médias. D’ailleurs, sur ce dernier point, le ministre a annoncé l’envoi dans quelques jours d’une correspondance à l’ensemble des éditeurs pour leur demander de formuler leurs besoins en matière de formation, ainsi que le contenu des enseignements dont ils souhaiteraient faire bénéficier leurs journalistes. Inscrite dans la problématique globale des réformes politiques initiées par les plus hautes autorités du pays, les discussions autour de l’avant-projet de loi o-rganique sur l’information se poursuivent donc en invitant aux débats les éditeurs et les journalistes domiciliés et exerçant au niveau des régions Ouest et Est. Après les discussions du Centre, qui ont réuni quelque 70 éditeurs, des journalistes, des magistrats, etc.,) hier, le ministre de la Communication était à Oran. Aujourd’hui il sera à Constantine avec un seul objectif : poursuivre ses contacts avec la corporation, recueillir le maximum d’appréciations, d’idées et de propositions afin de « provoquer un déclic salvateur au sein de la profession » et enrichir, par voie de conséquence, la future loi sur l’information.
L’ancienne loi sur l’information, décriée un moment, surtout à ses débuts, s’est révélée, à l’épreuve du terrain, porteuse de nombreux aspects positifs. Cependant, après plus de 20 ans d’application, ce texte, qui porte l’empreinte de situations passées, nécessite « une mise à niveau » pour le rendre en phase avec les nouvelles mutations technologiques, sociales et politiques intervenues entre-temps. Cette idée répandue dans les milieux des journalistes a été évoquée hier par le ministre qui a ouvert le débat en soulignant certains aspects incontournables que la future loi devra prendre en considération, non seulement pour protéger le journaliste dans l’exercice de sa fonction, le mettre à l’abri de la précarité et aussi des « trabendistes » de l’information (pour reprendre l’expression du ministre) mais également pour donner un contenu réel et effectif aux notions d’éthique et de déontologie qui sont consubstantielles à la liberté de ton et d’expression. Il a fallu lancer un débat national sur le contenu d’une nouvelle loi sur l’information pour que certaines situations « honteuses », illégales, vécues par les journalistes, connues dans le milieu de la presse depuis longtemps, soient portées sur la place publique. Des avances sur salaire, des rémunérations qui ne dépassent pas 6.000 DA, le travail au noir, sans couverture sociale et des agréments vendus et revendus plusieurs fois… Le monde des médias a aussi ses « nègres », ses « indus occupants » et ses SDF de la communication.
« J’appelle les journalistes à s’organiser pour mettre un terme à cette anarchie », a lancé le ministre en réponse à l’intervention d’une journaliste d’un média régional qui a évoqué son parcours et sa situation actuelle (payée 12 000 DA, alors que certains de ses collègues perçoivent 4 000 DA) après une dizaine d’années de bons et loyaux services ! Le manque de solidarité – malgré l’existence de syndicats de journalistes – est l’une des causes de ces situations. Des procédures et des dispositions dans cette future loi organique vont faire le ménage pour que plus jamais un journaliste n’ait à subir de telles humiliations, a dit le ministre.
Annoncée en avril 2011 par le Président de la République dans un discours prononcé à Tlemcen, une Autorité de régulation des médias verra le jour une fois la loi organique sur l’information examinée en réunion du gouvernement, en Conseil des ministres et adoptée par les deux chambres du Parlement. Cette autorité sera habilitée à retirer l’agrément à tout éditeur qui ne respectera pas les droits des travailleurs et des journalistes.
Le règlement intérieur doublé d’une convention collective est une obligation que doit respecter l’éditeur sous peine de sanctions drastiques.
La carte de presse, les con-ditions de sa délivrance, la signature du journaliste, sa co-responsabilité avec le directeur de la publication sur le contenu de ses articles, la formation permanente des journalistes et les modalités de son financement ainsi que la protection du journaliste et l’accès libre et totale aux sources de l’information ont été exposés par les journalistes qui ont montré, il faut le reconnaître, une conscience aiguisée sur leur situation socioprofessionnelle.
M. Koursi