Le fils de l’homme du 1er Novembre, Nacer Boudiaf, a accepté volontiers de nous accorder cet entretien juste après la fin de la cérémonie de recueillement à la mémoire de son père.
Le temps d’Algérie : L’assassinat de Mohamed Boudiaf marque toujours les esprits, cette année on a l’impression qu’il y a plus d’engouement. Pourquoi ?
Nacer Boudiaf : Ce n’est pas l’assassinat qui marque les esprits, mais c’est plutôt l’homme par son envergure,
sa droiture, ses sacrifices pour le pays et enfin les circonstances dans les quelles il a été assassiné. Il y a plus d’engouement cette année parce après l’automne de novembre 1954, Boudiaf a voulu ramener le printemps en Algérie en 1992, mais les ennemis du «printemps» ont mis fin à son projet.
Où en est-on avec l’enquête ?
L’enquête s’est arrêtée avec «l’acte isolé» en 1992. Elle est devenue isolée malgré les «négligences graves» constatées par la commission d’enquête elle-même. Maintenant c’est l’enquête qui a été mise en isolation.
Boudiaf a été assassiné le 29 juin 1992, pourquoi on commémore son anniversaire le 1er juillet ?
Comme tout est faux et tout est dénaturé en Algérie, pourquoi voulez-vous qu’on commémore une date qui fait de plus en plus mal à la «conscience» de beaucoup qui décident de toutes les dates en Algérie.
Que devient la fondation Mohamed Boudiaf?
C’est une fondation «façade» pour maintenir un semblant de mémoire, comme l’acte qui a procédé à l’assassinat, la Fondation est elle aussi isolée.
Les officiels n’assistent pas aux commémorations de l’anniversaire de l’assassinat de Boudiaf. Trouvez-vous une explication ?
Votre question je la pose à mon tour aux concernés, notamment au ministre des Moudjahidine, à moins qu’on considère que Mohamed Boudiaf n’est pas moudjahid.
Beaucoup d’Algériens s’interrogent sur le devenir du RPN. Comptez-vous reprendre le flambeau ?
Dans mon livre Boudiaf, l’Algérie avant tout, j’ai rappelé le projet de société contenu dans la plateforme du RPN. Ce mouvement est conçu par mon père comme un «contre-pouvoir».
Si la jeunesse algérienne, c’est-à-dire 70% de la population, se retrouvent dans cet esprit, la jeunesse est appelée à l’enrichir pour l’adapter aux circonstances actuelles, pour préparer l’avenir auquel pensait Boudiaf et pour lequel il est revenu en Algérie pour mourir. Quant au flambeau, il faut d’abord l’allumer.
Entretien réalisé par O. M.