Nabil Karoui, DG de Nessma TV “La Tunisie n’a pas besoin de ce genre de procès”

Nabil Karoui, DG de Nessma TV “La Tunisie n’a pas besoin de ce genre de procès”

Poursuivi en justice dans l’affaire de diffusion du film Persépolis, Nabil Karoui, DG de Nessma TV, comparaîtra aujourd’hui, pour la troisième fois, devant le juge. Son procès, ajourné à deux reprises, est programmé pour aujourd’hui à Tunis. Dans cet entretien, Nabil Karoui estime que son pays n’a pas besoin de ce genre de procès.

Liberté : Vous comparaîtrez jeudi (aujourd’hui) devant le tribunal de première instance de Tunis, pour avoir diffusé le film Persépolis pour la troisième fois. Ce procès vous a-t-il été intenté par des salafistes ? Quel est votre commentaire et qu’est-ce que vous attendez de ce procès ?

Nabil Karoui : Ce que j’attends, c’est d’avoir un procès sain et serein. J’attends, aussi, un non-lieu et un procès rapide. Ce dont j’ai peur aujourd’hui, c’est le report, pour une fois encore, du procès. Je ne crois pas que mon pays, la Tunisie, ait besoin de ce genre de procès, pour son image extérieure. Vous savez qu’on a eu l’équivalent de 5 millions d’articles et d’émissions de radios et de télévisions dans le monde à cause de ce procès. Tous ces écrits, émissions télé ou radio sont de la mauvaise presse pour la Tunisie. Vous imaginez que je suis, malgré moi, à l’origine de tout cela, et cela me fait mal au cœur.

Cela me rend très triste. Car je veux donner une autre image positive de mon pays. Que ce procès est programmé un 19 avril, à deux mois pratiquement avant le début de la saison touristique, cela me fait peur. Car j’ai peur que la saison estivale de cette année soit un fiasco, comme celle de l’an dernier. Avoir autant d’articles et d’émissions sur ce procès, à travers le monde, avec une horde de salafistes qui réclament la peine de mort pour moi ou qui nous traitent de koufar (impies), ça ne sera pas une bonne chose. Pour moi, j’aurais aimé que cette page douloureuse de moi-même, de Nessma et de la Tunisie se ferme. Cette télévision n’appartient pas aux seuls Tunisiens. Elle est maghrébine, et je sais que nos frères algériens, comme les Marocains et autres Maghrébins, regardent nos programmes et suivent ce procès avec anxiété. Donc, je veux bien que cette page soit fermée définitivement.

Votre chaîne de télévision diffuse, depuis le 16 et ce jusqu’au 22 du mois en cours, un programme spécial Algérie, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance. Comment est venue l’idée de cette commémoration ?

Il y a deux ou trois ans, on a fait la semaine palestinienne sur la chaîne Nessma. Après, on a fait une semaine marocaine. Donc, concernant la semaine algérienne, j’étais en train de chercher une occasion pour la faire, parce que vous imaginez le bonheur qu’on aurait en voulant présenter l’Algérie. Cependant, on a eu la révolution en Tunisie et Nessma est une chaîne de compliment et de distraction, elle s’est retrouvée être un acteur politique majeur, avec les informations qu’attendent nos téléspectateurs tous les jours, ainsi que la scène politique.

C’était très difficile pour nous de revenir à la mahgrébinité mais on est en train de pédaler pour s’y faire. Parce que la vraie origine de Nessma c’est justement cela. Elle est une chaîne maghrébine et qui veut le rester. Pour moi, c’était une occasion et j’ai trouvé l’occasion du cinquantenaire pour fêter l’Algérie. On organise des fêtes, tout simplement, parce qu’il est bien de faire des fêtes.

M. M