Nabil Ferguenis, porte-parole du Snapap et membre de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie : « L’OIT a exigé du ministère du Travail de réintégrer le Snateg »

Nabil Ferguenis, porte-parole du Snapap et membre de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie : « L’OIT a exigé du ministère du Travail de réintégrer le Snateg »

Reporters : Le ministre du Travail a indiqué, lundi dernier, que son département allait fixer un délai pour recueillir les observations et propositions de ses partenaires sociaux et des syndicats, concernant l’enrichissement de l’avant-projet du code du travail. Le Snapap a-t-il remis ses propositions à la tutelle ou va-t-il le faire prochainement ?

Nabil Ferguenis : Le Syndicat national autonome des personnels de l’administration (Snapap) ne compte pas se concerter avec le ministère du Travail par rapport à l’enrichissement de l’avant-projet de loi sur le travail. Le Snapap l’a rejeté dès le départ, car si l’on participe à son enrichissement, cela signifiera qu’on a cédé devant le ministère du Travail et qu’on a abandonné et trahi les travailleurs qu’on est censé défendre. Les conventions ratifiées par l’Algérie concernant le travail et l’exercice syndical sont claires, mais elle ne respecte pas ses engagements. D’ailleurs, on compte beaucoup de syndicalistes emprisonnés, des syndicats suspendus et autres syndicats qui exercent depuis des années sans qu’ils aient pu obtenir leur enregistrement.

Le rejet de concertation avec la tutelle n’est-il pas lié aux clauses contenues dans cet avant-projet de loi ?

En plus de la réalité amère de l’exercice syndical en Algérie, de l’entrave de l’exercice syndical, nous avons relevé dans cet avant-projet de loi, dans sa mouture actuelle, 13 anomalies. Sachez que ce code autorise aux enfants, âgés de moins de 16 ans, de travailler. Ce que nous, au Snapap, on ne peut accepter. Je pense que quand un mineur a de l’argent, il peut se procurer de la drogue, se permettre d’autres infractions et se retrouver, par conséquence, dans la délinquance. Sur un autre volet, la loi 90-14 stipule que chaque travailleur peut adhérer au syndicat qu’il souhaite, mais dans les faits, il ne leur est pas permis d’intégrer d’autres syndicats hormis l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). La libre adhésion n’est respectée que dans les syndicats de l’éducation et ceux du corps enseignant parce qu’ils n’ont pas de poids sur l’économie nationale.

L’Algérie a fait partie des 24 pays qui ont été soumis à l’étude durant la 106e session de la Conférence internationale du travail qui se déroule à Genève (Suisse)…

Effectivement, lundi dernier, la représentante du ministère algérien du Travail a fait l’objet d’audit à Genève. L’Organisation internationale du travail (OIT) a exigé du ministère du Travail de réintégrer le Syndicat national autonome des travailleurs d’électricité et de gaz (Snateg-Sonelgaz) qui est dissout. Il lui a été également demandé d’accepter tous les syndicats qui ont déposé leur demande d’enregistrement au niveau du ministère du Travail.