Mutation énergétique mondiale,L’Algérie risque d’en subir les conséquences

Mutation énergétique mondiale,L’Algérie risque d’en subir les conséquences

La demande pétrolière mondiale va augmenter de 14% d’ici 2035 pour atteindre 99,7 millions de barils par jour (mbj)

Les Etats-Unis deviendront le 1er producteur mondial de pétrole de la planète vers 2020 et un exportateur net de brut vers 2030 selon la même source.

Une mutation énergétique planétaire a été prédite hier par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Ce bouleversement du paysage énergétique sera la conséquence directe de l’essor des hydrocarbures non conventionnels. Ce chambardement sera suivi d’un véritable bouleversement géostratégique. Les Etats-Unis deviendront le 1er producteur mondial de pétrole de la planète vers 2020, et un exportateur net de brut vers 2030, selon la même source. La demande pétrolière mondiale va augmenter de 14% d’ici 2035 pour atteindre 99,7 millions de barils par jour (mbj), portée par la consommation liée aux transports, soit 700.000 barils de plus que ce qu’elle avait prévu auparavant, a prédit lundi l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

De son côté, la Chine est déjà passée à l’offensive. Cette autre superpuissance mondiale accélère son programme de développement des gaz de schiste. D’après quelques estimations, les réserves exploitables s’élèveraient à près de 35.000 milliards de mètres cubes sur le territoire chinois.

Soit une quantité un peu supérieure à celle présente aux Etats-Unis, environ 25.000 milliards de mètres cubes. Après un premier appel d’offres, en 2011, au cours duquel était proposée l’exploitation de quatre blocs, Pékin est passée récemment à la phase supérieure en lançant un second appel d’offres nettement plus important pour l’exploration de 20 blocs. La Pologne, dont les réserves en gaz de schiste occupent la 3e position parmi les pays européens riches en gaz, derrière la Norvège et les Pays-Bas, compte investir 12,5 milliards d’euros d’ici 2020 dans cette exploitation.

Autant dire qu’il y aura de moins en moins de débouchés des producteurs de pétrole et du gaz actuels car ces potentiels et gros importateurs se verront désormais transformés en exportateurs d’hydrocarbures. La structure des exportations s’oriente de plus en plus vers les produits gazeux. L’Algérie, dont l’épuisement des réserves de pétrole interviendrait à l’horizon 2020-2025, risque aussi de se retrouver sans gaz conventionnel à l’horizon 2030, selon de nombreux experts. L’un d’eux, en l’occurrence Abderrahmane Mebtoul, a réitéré que l’Algérie serait une importatrice nette de pétrole dans moins de 15 ans et dans 25 ans pour le gaz conventionnel. Ainsi, comme annoncé par Ahmed Ouyahia l’ex-Premier ministre, l’Algérie pourrait commencer à importer du pétrole à partir de 2020 et du gaz à partir de 2030 pour satisfaire la demande locale.

Suite aux coupures récurrentes d’électricité de l’été dernier, il a été décidé la réalisation du projet de centrales électriques qui fonctionneront en majorité «en turbines de gaz», selon le même expert. Comme il a été décidé d’installer plusieurs raffineries fonctionnant au pétrole. Cela représente plus de 70% de la capacité de production nationale de gaz (58 milliards en 2014), soit environ 50 milliards de mètres cubes.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, dont l’idée n’est qu’au stade de balbutiement, pose problème. Au-delà du risque pour l’environnement que présente la méthode actuelle d’extraction, la fracturation hydraulique, interdite ailleurs, l’Algérie est un pays aride qui ne dispose pas de grandes ressources en eau nécessaires pour ce genre d’exploitation. L’extraction d’un milliard de mètres cubes gazeux, nécessite un milliard de mètres cubes d’eau.

L’Algérie devrait s’orienter vers les énergies renouvelables et la préparation de l’après-hydrocarbures, selon les experts. L’Algérie sans maîtrise technologique en la matière et dont les réserves prouvées qui sont de l’ordre de 6500 milliards de mètres cubes gazeux selon le rapport de l’AIE de 2011, sera confrontée à une autre problématique liée au partage de ses nappes avec les quatre pays voisins. «Non seulement l’exploitation pourra détruire les nappes phréatiques du désert mais il y a aussi un risque de confrontation avec ces pays», dira Mebtoul. Par ailleurs, l’AIE, table également sur un prix moyen du baril de brut importé par ses pays membres (Europe, Etats-Unis, Japon, Corée du Sud…) de 125 dollars le baril en 2035.

Du côté de la production d’or noir, l’AIE estime que la part des pays hors Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) va aller en augmentant durant la décennie en cours, mais prévient que le poids du cartel se renforcera ensuite à nouveau. La production non-Opep devrait atteindre un plateau autour de 53 mbj après 2015 (contre moins de 49 mbj en 2011).