Pour cet expert financier, l’Algérie ne sera plus en mesure de financer les déficits budgétaires que connaîtront les années ultérieures à 2017 : « A partir de 2017, on ne sera plus en mesure de financer les déficits budgétaires ultérieurs, pour autant qu’on reste dans le même rythme, mais on sera obligé de passer au FRR. Ainsi, soit on aura recours à des obligations, ou à un emprunt national de solidarité, ou aux marchés », a-t-il estimé.
M. Mékidèche juge « inquiétante », la réduction des plans d’investissement prévus par la loi des finances 2016, car cela risque selon lui, de remettre en cause les plans de développement d’un certain nombre d’entreprises publiques qui étaient inscrites dans la stratégie industrielle annoncée par le ministre Bouchouareb.
« Ces entreprises publiques doivent développer leurs investissements grâce au plan 2015-2019 et le plan de développement », estime-t-il, en proposant pour cela aux entreprises publiques qui peineraient à trouver un financement, de recourir aux marchés, ou de se mettre en partenariat avec le secteur privé national ou étranger pour financer ces investissements.
« Le marché obligataire est fait pour les entreprises », tient-il à le rappeler en soulignant que le nouveau règlement prévoit de cesser le financement des projets des entreprises étrangères par le système bancaire local.
La crise financière a été sous évaluée en terme de menaces
M. Mékidèche pense que l’Algérie traverse une crise de cycle long, et que la réduction de presque 9% des dépenses prise par le gouvernement dans cette loi des finances 2016, « est un signe de prise de conscience du caractère durable de la crise actuelle ». »On est plus près de la crise de cycle long connu par le pays en 1986, que les crises de 2008, 2009 à caractère court », analyse M. Mékidèche, en anticipant que « la deuxième menace qui va se profiler, concernera les équilibres extérieurs qui vont apparaître dans deux ans de retard de face, car on aura entre temps, pioché dans les réserves de changes », a-t-il expliqué.
Pour lui, il faut contourner le premier obstacle budgétaire comme première étape, mais à terme, il faut chercher à changer de paradigmes pour trouver d’autres sources de financement pour l’économie nationale.
Commentant le budget de fonctionnement qui n’a pas été réduit par cette loi des finances, Mustapha Mékidèche distingue deux « gros packages » : celui de la rémunération de plus de 2 millions de fonctionnaires, dont le nombre est appelé à croître vu l’annonce de plus de recrutements par le gouvernement, et celui sur les normes d’effectif et la restructuration de l’appareil de l’Etat. M. Mékidèche appelle à la réduction du nombre des fonctionnaires et prône une rationalisation des effectifs disponibles.
L’augmentation de 4% de la production des hydrocarbures n’est pas significative.
S’agissant de l’augmentation de la TVA pour les carburants et l’électricité, l’expert considère que le levier de la TVA utilisé par le gouvernement ne sera pas significatif pour changer de modèle de consommation. Rappelant que seules Sonatrach et Sonelgaz n’ont pas été concernées par la diminution des investissements, il décrit les 4 % d’augmentation de la production des hydrocarbures annoncées comme « non significatifs ».
Toutefois, M. Mékidèche relève que les différentiels entre ce que supporte l’Etat en matière de cout énergétique, est exprimé pour la première fois de manière explicite, et cela témoigne, selon lui, d’une volonté de mettre les choses au clair sur cette difficile question des subventions de l’Etat à l’énergie. « Ce modèle de consommation énergétique est considéré comme un élément de réformes structurelles », relève M. Mékidèche qui va encore plus loin, en proposant « d’augmenter les prix du carburant comme l’ont fait plusieurs pays, et comme l’ont proposé d’autres Think tanks, car les prix sont la meilleure façon pour augmenter l’offre et la demande ».