Mustapha Guitouni à Bouira : «Le gaz de schiste pourra attendre»

Mustapha Guitouni à Bouira : «Le gaz de schiste pourra attendre»

En visite d’inspection et de travail, hier, dans la wilaya de Bouira, le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a visité plusieurs sites relevant de son secteur, notamment le nouveau gazoduc en cours de réalisation, le champ pétrolier de Dirah et les nouvelles explorations engagées par Sonatrach sur site, ainsi que les centrales électriques existantes ou qui viennent d’être achevées.

L’hôte de Bouira et après avoir visité ces sites à Bouira, Aïn Lahdjar, Dirah, Oued El Berdi et Illilten dans la commune de Saharidj, est revenu au cours d’un point de presse sur plusieurs questions d’actualité et relevant de son secteur. Ainsi et à la question du gaz de schiste qui a fait couler beaucoup d’encre et soulevé une vague de protestations sans précédent, notamment dans les wilayas d’Illizi et Tamanrasset il y a quatre ans, le ministre de l’Energie dira que «l’exploitation du gaz de schiste n’est plus à l’ordre du jour et que même si exploitation il y aura, cela n’interviendra pas avant 10 ou 15 ans».

En outre, et pour appuyer sa réponse, M. Mustapha Guitouni nous renvoie au champ pétrolier d’Oued Guetrini dans la commune de Dirah au sud de la wilaya ; un champ pétrolier qui s’étale sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés et compris entre les wilayas de Bouira, M’sila et Médéa.

D’ailleurs, lors de la visite de ce site, le ministre s’est enquis justement des conditions d’exploration de ce champ au niveau des trois wilayas, ainsi que les résultats de ces études engagées par la Sonatrach. Pour le cas du champ pétrolier de Dirah, l’on apprend sur place que sur les 27 puits existants actuellement seuls 8 puits sont fonctionnels et leur rendement avoisinerait les 5 tonnes par jour. Le pétrole récolté est acheminé par citerne vers un bassin de récolte près de la ville de Dirah, avant d’être à son tour acheminé par camion vers la station de pompage de M’sila où il est injecté dans l’oléoduc principal qui vient de Hassi Messaoud vers Béjaïa en passant par Béni Mansour.

Cela étant, il est utile de rappeler ici que le champ pétrolier de Dirah est le premier gisement découvert en Algérie à l’époque coloniale et le premier puits de pétrole mis en exploitation, en 1948. En 1956, lorsque le pétrole a été découvert à Hassi Messaoud avec un grand débit, les équipes d’exploitation et d’exploration d’alors, ont quitté les lieux mais en laissant quelques 88 puits de pétrole opérationnels. Depuis, aucune nouvelle exploration ni forage n’ont été effectués et au fil des années et même après l’indépendance et l’exploitation du gisement par la Sonatrach, les puits tombaient en panne un à un, quand d’autres sont abandonnés après épuisement du pétrole.

Aussi, la nouvelle politique d’exploration de nouveaux gisements pétroliers et la recherche engagée par Sonatrach ces dernières années, touche non seulement le champ pétrolier de Dirah qui vient de bénéficier d’une enveloppe conséquente pour l’acidification en été prochain, de 10 puits sur les 27 existants actuellement, afin de les réhabiliter et voir si les quantités de pétrole qu’ils recèlent sont rentables et encourageraient d’autres explorations ou non. L’exploration touchera également d’autres sites à Aïn Defla et Tiaret selon le ministre.

Par ailleurs, concernant le gazoduc Hassi R’mel-Bordj Ménaïel, et pour cause de vétusté des conduites, leur corrosion mais également leur empiétement surtout dans la partie nord entre les wilayas de M’sila, Bouira, Tizi-Ouzou et Boumerdès, il a été décidé de réaliser une nouvelle conduite sur un nouveau tracé. Aussi, lors de la visite du ministre de l’Energie hier de ce tracé au niveau de la commune d’Aïn Lahdjar, des explications ont été données concernant le choix du matériau et du tracé mais également les délais d’achèvement du projet, qui sont arrêtés pour novembre 2019.

Concernant l’électricité, le ministre qui a inauguré une nouvelle centrale de 220 KVA à Illiten, s’est montré satisfait du degré de dotation de la wilaya en terme de sources d’énergies puisque, avec la méga centrale de Bir Ghbalou et ses 400 KVA, la wilaya de Bouira qui comptabilise plus de 600 KVA, et dont les besoins en énergie électrique sont estimés à 240 KVA, est largement à l’abri même pendant les pics d’été lors des grandes canicules où la consommation pourrait atteindre, selon les estimations, 270 KVA. Une consommation qui offre une large autonomie pour la wilaya de Bouira mais également la possibilité d’exporter de l’électricité vers d’autres wilayas limitrophes comme Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bordj-Bou-Arréridj, M’sila et Médéa, dans le cadre de l’interconnexion.

Enfin, et à propos des prix du gaz et de l’électricité, le ministre qui était hésitant dans un premier temps, dira que la question d’augmentation interviendra un jour ou l’autre, mais en précisant immédiatement que cette augmentation touchera dans un premier temps uniquement les grands consommateurs.

Yazid Yahiaoui