Le président du Conseil national de transition libyen, Mustapha Abdeljalil, a entamé hier une visite officielle de deux jours en Algérie, à l’invitation de Bouteflika.
Une visite qui, forcément, devra normaliser les relations entre les deux pays. A noter, dans ce contexte, que ce n’est pas la première fois que le président du CNT rencontre le Président Bouteflika, dans la mesure où les deux hommes se sont croisés à Doha et à Tunis.
Ainsi, ce premier déplacement du numéro un des nouvelles autorités libyennes, pourtant plusieurs fois annoncé, vient couronner un processus de normalisation des relations entre les deux Etats qui, depuis la révolution libyenne et même bien après, ont connu une vive tension, mais surtout à un moment où le risque d’une désagrégation de la Libye s’accélère.
Ainsi, selon un communiqué de la présidence, cette visite libyenne s’inscrit dans le cadre de la «consolidation des traditions de concertation et de coopération entre les deux pays et des moyens à même de les développer dans divers domaines à la hauteur des aspirations des deux peuples frères», indique le communiqué. Selon le document, cette visite «offrira l’opportunité de se concerter sur les derniers développements survenus dans la région à la lumière des récents évènements et des défis qu’ils imposent et permettra aux deux parties de procéder à un échange de vues sur les différentes questions arabes et internationales d’intérêt commun».
Il est clair que même si les détails sur la visite de Mustapha Abdeljalil à Alger n’ont pas été franchement révélés, il va sans dire que ce dernier sollicite l’aide et l’accompagnement de l’Algérie pour faire face à la situation critique qui prévaut en Libye et où le CNT, à deux mois de l’élection de l’Assemblée constituante, trouve des difficultés sérieuses à faire régner l’ordre. Une situation critique caractérisée, notamment avec les dernières attaques de Benghazi et de Tripoli, par une menace séparatiste à Benghazi, les conflits intertribaux, les poches de résistance de pro Kaddafi, auxquels viennent s’ajouter les dérapages des milices autonomes de Zintane et Misrata. La Libye demeure un pays fragile. En outre, ce qui vient aggraver la situation dans ce pays voisin est incontestablement la montée en puissance d’Aqmi qui s’alimente des armes récupérées des stocks de Kaddafi, et la recrudescence de la criminalité et du crime organisé. Le CNT, depuis plus d’une année, peine toujours à restaurer l’autorité de l’Etat qui lui permettra d’œuvrer pour la reconstruction du pays, y établir la prospérité, instaurer le processus démocratique et, enfin, participer à la consolidation de la paix dans la région.
De ce fait, les Libyens savent pertinemment qu’en dépit de tout l’Algérie est parfaitement en mesure de coopérer à la relance de l’économie locale et de les soutenir dans cette phase sociale délicate en apportant aide et assistance technique pour la reconstruction et la réfection des réseaux d’infrastructures détruits durant la guerre civile.
Reste à savoir l’évolution des discussions sur le sujet de la présence de la famille Kaddafi en Algérie. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’en mars dernier, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, s’est rendu à Tripoli pour normaliser les relations entre les deux pays. S’en est suivie celle de Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur, qui a signé à Tripoli des accords de coopération. L’Algérie s’est notamment engagée à assurer des formations pour la future police libyenne. Daho Ould Kablia avait également examiné la question de la surveillance des frontières terrestres entre les deux pays voisins.
Pour rappel, les relations entre les autorités algériennes et le CNT ont traversé des zones de fortes turbulences, résultats de la position intransigeante sur la situation qui prévalait en Libye, faisant que le CNT a porté de nombreuses accusations contre Alger, notamment celle de soutenir des milices de Kaddafi. Des accusations pour lesquelles Alger a fait la sourde oreille.
Par Lynda Naili Bourebrab