Multiplication des attentats en Irak, près de 80 morts en 48 heures

Multiplication des attentats en Irak, près de 80 morts en 48 heures
multiplication-des-attentats-en-irak-pres-de-80-morts-en-48-heures.jpg

Près de 80 personnes ont été tuées en 48 heures dans une série d’attentats en Irak, qui fait face depuis le début de l’année à une multiplication d’attentats qui font craindre une reprise de la guerre confessionnelle qui avait ensanglanté le pays en 2006-2007.

Cette nouvelle vague d’attentats à la voiture piégée lundi dans Baghdad et ses environs a fait plus de 30 morts et une centaine de blessés, selon des sources sécuritaires et médicales.

Huit voitures piégées ont explosé dans des quartiers de Baghdad, tandis qu’une neuvième a explosé à Sabaa al-Bour, une agglomération au nord de la capitale.

Dimanche, 47 personnes ont été tuées dans le pays où des attentats suicide ont ciblé une mosquée au sud de Baghdad et le siège des services de sécurité au Kurdistan autonome (nord).

Aucun groupe n’a revendiqué dans l’immédiat ces attaques, mais depuis plusieurs mois, des groupes liés au réseau terroriste d’Al-Qaïda s’attaquent à des mosquées, des marchés, des funérailles et même des terrains de football, faisant craindre un nouveau conflit confessionnel comme celui qui avait ensanglanté le pays en 2006-2007.

L’Irak connaît depuis le début de l’année un regain de violences, sur fond d’impasse politique qui pourrait se prolonger jusqu’aux élections législatives prévues en 2014, selon des analystes.

Ces violences ont fait plus de 840 morts dans le pays depuis le début septembre, selon un bilan établi par des médias à partir de sources sécuritaires et médicales.

Et près de 500 attentats à la voiture piégée ont eu lieu dans ce pays, dont la moitié à Baghdad, depuis le début de l’année. A ce chiffre il faut ajouter une centaine de kamikazes qui se sont fait exploser au volant de voitures piégées, et près d’une centaine de kamikazes qui ont mené leur attaque à pied.

Des réformes nécessaires pour une sortie de crise

Depuis plus de quatre mois, les chiffres mensuels renouent avec le niveau de violence de 2008.

Les séries d’attaques quasi-quotidiennes, estiment les spécialistes, visent à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays qui peine à retrouver une stabilité, dix ans après l’invasion américaine et le renversement de l’ancien président irakien Saddam Hussein.

L’ONU et de nombreux diplomates ont appelé le gouvernement du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser plus avant les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les extrémistes.

Mais, en réponse aux violences, le gouvernement a intensifié une campagne contre les insurgés, procédant à de nombreuses arrestations.

La paralysie de l’appareil politique, associée à une corruption rampante et à une défaillance des services publics, contribuent à alimenter l’instabilité dans le pays.

Les violences en Irak directement liées à la situation en Syrie

Les récents attentats terroristes en Irak sont « directement liés » aux évènements en Syrie, selon des responsables irakiens, qui estiment que leur pays est le premier de la région à être affecté par leurs retombées.

Le ministre irakien des Affaires parlementaires, Safaa eddine Al-Safi, a ainsi réitéré le soutien de son pays à une solution politique à la crise syrienne, expliquant clairement qu’une action militaire contre Damas ne résoudrait pas la situation en Syrie, très compliquée, selon lui, de par ses composantes et son étendue.

Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères a jugé récemment qu’ »il était important de contre-attaquer les extrémistes qui tentent d’accroître les tensions parmi les différents groupes politiques et ethniques du pays », soulignant son soutien et sa solidarité avec les autorités et le peuple irakiens pour contrer les menaces terroristes.

Selon des estimations de la Mission d’assistance de l’ONU en Irak, près de 5.000 civils ont été tués et 12.000 autres blessés de janvier à août cette année à travers le pays.

La mission de l’ONU avait lancé dimanche une mise en garde contre une spirale « infernale » de représailles entre membres des communautés sunnite et chiite d’Irak après la multiplication d’attentats ces derniers mois.

S’agissant des violences survenues la veille à Ebril, la capitale du Kurdistan irakien habituellement épargnée par les attentats, un analyste irakien, Ali al-Haidari, a estimé que l’attentat de dimanche pouvait être lié aux différends entre les Kurdes et le Front Al-Nosra, un groupe armé syrien lié au réseau terroriste d’Al-Qaïda à la pointe de la rébellion contre le pouvoir en place en Syrie voisine.

« L’attaque d’aujourd’hui (dimanche) peut être une vengeance du Front al-Nosra contre les Kurdes à l’intérieur du Kurdistan », a-t-il dit.

Des combats ont opposé ces dernières semaines l’opposition armée syrienne aux kurdes habitant le nord de la Syrie, provoquant un afflux de réfugiés kurdes au Kurdistan irakien. Environ 161.000 Syriens, la plupart Kurdes, ont trouvé refuge en Irak, selon l’ONU.

L’attentat de dimanche intervient une semaine après des élections législatives pour renouveler le Parlement régional du Kurdistan irakien.