Multiplication de la contrebande aux frontières, Un phénomène qui inquiète

Multiplication de la contrebande aux frontières, Un phénomène qui inquiète
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Ce commerce illicite continue de ruiner l’économie nationale

L’évolution et l’ampleur du phénomène de la contrebande risquent d’exploser l’économie nationale «déjà fragile».

La contrebande n’a jamais été aussi florissante au niveau des frontières de l’Algérie comme elle l’est aujourd’hui. Une ampleur jamais égalée auparavant. Depuis les tensions sécuritaires aux pays voisins, ce fléau, qui constitue une des formes de fraude les plus visibles et les plus dangereuses sur le développement de l’économie nationale, a explosé.

Les rapports des experts avertis, des services de sécurités et Douanes sont unanimes: la contrebande prend des proportions plus qu’alarmantes, notamment avec l’entrée massive de la drogue sur notre territoire. Il ne se passe pas un jour où les différents services de sécurité font état de la saisie d’énormes quantités de produits alimentaires subventionnés, carburants et d’autres produits de première nécessité destinés au commerce illicite.

LG Algérie

Contacté par nos soins, le Pr Abderrahmane Mebtoul expert international à l’Institut français des relations internationales Ifri, indique que l’industrie locale subit des pertes énormes en chiffres d’affaires. «Nous devons distinguer les pratiques tolérées par les gouvernants dites ‘semi-légale » des pratiques illégales condamnées par la communauté internationale», souligne le professeur qui rappelle que dans sa dernière étude «le poids de l’informel dans les économies maghrébines» il a mis l’accent sur l’extension des pratiques illicites. «La différence entre le cours officiel du dinar 100/110 dinars, un euro et le cours du marché parallèle (150 dinars, un euro), deuxièmement les subventions généralisées, ce qui fait que l’Algérie alimente la majorité des pays des frontières», explique-t-il.

«L’Algérie ayant importé plus de 2 milliards de dollars de carburants en 2012 au prix international qu’elle cède aux entreprises et particuliers à un prix subventionné». Pour lutter contre ce phénomène le professeur suggèrera une solution durable.

«Il faut mettre en place de nouveaux mécanismes de régulation pour s’attaquer à ces transferts illicites de marchandises, les mesures administratives et sécuritaires étant limitées dans le temps, renvoyant à l’urgence d’une réorientation de l’actuelle politique économique.»

En outre, il faut souligner que l’argent de la contrebande finance en grande partie les groupes terroristes. Dans ce sens, l’expert ajoute entre autres que «les transferts de fonds par le secteur informel n’ont fait que croître: les organisations telles qu’Al Qaîda sont toujours présentes au niveau international et aussi puissantes qu’auparavant, tandis que les cartels de la drogue poursuivent librement leurs lucratives affaires.» L’expert met l’accent en outre sur l’obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l’ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d’armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale.

«L’économie algérienne subit une véritable guerre économique ce qui nécessite la conjugaison des efforts et une coopération régionale et internationale pour lutter et traquer les criminels où qu’ils se trouvent pour les empêcher d’infiltrer les frontières», souligne un officier supérieur des gardes-frontières. Il ajoute aussi que le plus important est la sécurisation des frontières à travers des coopérations entre les pays voisins, afin d’empêcher les infiltrations de réseaux terroristes, contrebandiers et les narcotrafiquants.

«La sécurité des frontières et la stabilité demeurent les principales conditions pour le développement économique et social», explique-t-il. L’impact négatif et les stratégies de lutte contre ce commerce illicite continuent de ruiner l’économie nationale. Plus grave, selon les bilans des saisies effectuées par les unités de la Gendarmerie nationale en 2013, les contrebandiers algériens accèdent sans discernement à la demande des marchés des pays voisins et n’introduisent en territoire national que des produits nocifs ou de mauvaise qualité.

Le constat de la Gendarmerie nationale indique que dans le sens de l’importation, les produits ciblés sont les stupéfiants, les tabacs, les alcools, les effets vestimentaires et les produits alimentaires. Alors que dans l’autre sens, l’exportation, il s’agit particulièrement de carburant, de cheptel, de produits ferreux et produits alimentaires soutenus par l’Etat.

«Cette situation au niveau de nos frontières s’est aggravée, notamment depuis les révolutions en Tunisie et en Libye», ajoute la même source sécuritaire. Par ailleurs, un autre expert dévoile sous le couvert de l’anonymat que l’analyse des saisies effectuées confirme l’ampleur de la contrebande.

«Les pertes économiques et financières sont considérables, et les statistiques officielles ne font aucune allusion à ce phénomène. Il n’existe aucune étude ou enquête à l’échelle régionale ou nationale pour estimer l’ampleur de ce fléau», regrette l’expert, en précisant que le plus gros trafic est celui du carburant.