A plusieurs reprises le MSP s’est distingué par des positions très critiques envers le gouvernement et n’a cessé d’exprimer son mécontentement du fonctionnement de l’Alliance présidentielle.
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est à nouveau à la croisée des chemins. Le choix de son retrait ou non du gouvernement a été remis sur la table, suite aux dernières émeutes qu’a connues le pays et la colère exprimée par des milliers de jeunes. Le vice-président du MSP, Abderrezak Mokri, avait ainsi fait la proposition de se retirer du gouvernement.
Une proposition qui ne semble pas avoir l’unanimité au sein du parti. Mais arriver jusqu’à la soumettre à débat d’une manière officielle, renseigne, on ne peut mieux, sur l’absence de consensus à ce sujet au sein de cette formation. Son initiateur, M. Mokri, dans une déclaration à la presse, a affirmé que le parti ne connaît aucune dissension et toutes «les idées sont débattues dans un climat fraternel». Aussi, il a apporté un démenti quant à l’information faisant état de sa démission du parti et nié l’existence de conflits entre lui et Boudjerra Soltani. Toutefois, il a précisé que sa proposition sera tranchée prochainement, et souligné que plusieurs militants partagent son idée. Ce qui laisse entendre que la formation de feu Mahfoud Nahnah connaîtra des développements dans les prochains jours. Cela d’autant qu’à plusieurs reprises le MSP s’est distingué par des positions très critiques envers le gouvernement et n’a cessé d’exprimer son mécontentement du fonctionnement de l’Alliance présidentielle. C’est dire que l’opposition a toujours tenté cette formation.
Boudjerra Soltani, dans le but d’entretenir un semblant d’équilibre, a fait preuve de beaucoup de prudence dans la gestion des affaires internes du parti, notamment après le mouvement de dissidence qui a affecté et déstabilisé, il y a quelques mois, le MSP. Les dissidents reprochaient à Soltani sa double casquette de président du parti et membre de l’exécutif, et l’avaient obligé à quitter son poste de ministre d’Etat sans portefeuille. Mais que la revendication consiste carrément à basculer à 360°, il est à craindre des fractures.
Aussi, faut-il rappeler que Abderrezak Mokri est l’une des personnalités les plus influentes du MSP et toute initiative provenant de sa part ne peut passer inaperçue. Le vice-président du MSP a d’ailleurs affiché son insatisfaction de la gestion des affaires de l’Etat. Intervenant dernièrement sur les ondes de la Radio nationale, il avait tiré à boulets rouges sur le gouvernement et déclaré que l’Algérie a raté l’occasion de prendre son essor, ces dernières années, malgré l’embellie financière. Ce constat d’échec démontre que pour ce dirigeant rien ne peut justifier la présence du parti au gouvernement. Une conviction qu’il a d’ailleurs tenu à défendre, soutenant que les raisons justifiant la participation du MSP au gouvernement, à savoir la protection de l’Etat, ne sont plus d’actualité. Selon lui, le nouveau défi est la lutte contre la corruption et le parti doit s’adapter à cette nouvelle donne. Il y a quelques mois, Boudjerra Soltani avait déclaré détenir des preuves sur des cas de corruption, mais s’est vite recroquevillé dans sa carapace sans oser les rendre publics. Avec cette sortie de Abderrezak Mokri, va-t-on voir le parti engagé dans cette bataille et en faire son fer de lance en prévision des prochaines élections ?
Par Aomar Fekrache