MSP: Qu’est-ce qui fait courir Mokri ?

MSP: Qu’est-ce qui fait courir Mokri ?

Abderrezak Mokri, qui s’impose de plus en plus comme le candidat majeur à sa propre succession à la tête du MSP, n’en rate pas une pour mettre le maximum d’atouts de son côté dans la perspective du 7e congrès devant se tenir dans moins de deux mois maintenant.

La mission qu’il s’est confiée en tout premier lieu, de toute évidence et cela se comprend, c’est de laminer toute espèce d’opposition à sa personne au sein de son parti jusqu’à en prendre les rênes de la manière la plus imposante. Pour ensuite avoir les coudées franches pour s’engager dans la voie qui le mènera à donner enfin corps à ce que beaucoup soupçonnent attendre du MSP : revenir dans le giron du pouvoir. Vendredi encore, lors d’une conférence à laquelle ses rivaux ont brillé par leur absence, Abderrezak Mokri s’est fendu d’une thèse à l’issue de laquelle il préconise, pour ne pas dire carrément impose, que les siens feraient mieux de se projeter sur les législatives de 2022.

En filigrane, il invite ainsi ses ouailles à ne pas trop se faire d’illusions sur le rendez-vous d’avril 2019, puisque, à se fier à ses thèses, en l’état actuel de la scène politique nationale, il sera impossible de dépasser le statu quo imposé par le pouvoir en place, réduisant, d’ores et déjà, à rien les initiatives qui tentent de voir le jour au sein de l’opposition dans les rangs de laquelle il n’y a pas longtemps il voulait s’imposer comme le chef de file, contre le bon vouloir du courant «participationniste» qu’incarne Aboudjerra Soltani au sein du mouvement.

Aujourd’hui, au prix d’un de ces retournements dont les islamistes de tous bords ont le secret, Mokri se dit prêt à apporter sa contribution si d’aventure le pouvoir et l’opposition veulent aller vers le consensus ( ?). Autrement dit, le MSP est prêt à ne pas trop s’intéresser à la présidentielle de l’année prochaine, l’essentiel, si l’on doit suivre le raisonnement de Mokri, c’est de revenir au gouvernement à la faveur des législatives, dans quatre ans.

Certains, et on les comprend aisément, verront dans cette sortie de Mokri une offre de deal en bonne et due forme à l’attention des tenants du pouvoir, ceux-là mêmes qu’il prend soin d’avertir qu’au cas où ce marché ne trouve pas grâce à leurs yeux, et si le «consensus» n’est pas atteint, le MSP est capable de voler de ses propres ailes et saura «encadrer le peuple pour éviter que le pays brûle». Il est à se demander maintenant que s’est-il vraiment passé au sein du MSP pour que Mokri marche sur les plates-bandes d’Aboudjerra Soltani et tendre aussi ouvertement la perche au pouvoir ?

M. Azedine