MSP : Makri en costume de course, loin de l’opposition

MSP : Makri en costume de course, loin de l’opposition

C’est dans le costume d’un candidat euphorique et ambitieux qu’Abderrezak Makri s’est présenté, hier, au siège de son parti, le MSP, pour rendre public et faire la promotion de son programme électoral intitulé «Le Rêve algérien».

Par Meriem Kaci et Aziz Latrèche

En effet, le chef du MSP est apparu hier plus que jamais engagé dans sa candidature pour la magistrature suprême. Devant les membres de la direction nationale de son parti, «Majliss echoura», il a présenté les grandes lignes de son programme électoral qu’il a intitulé «Le Rêve algérien». Une feuille de route très générale encore, mais dont on a pu retenir quelques axes majeurs : une remise en forme de l’économie algérienne par un intérêt et un appui accrus à la liberté d’entreprise, la garantie des libertés publiques et médiatiques, la défense d’un projet de société faisant la synthèse entre «l’islamité, la démocratie et le patriotisme» – selon les propos mêmes de M. Makri. Et l’annonce, enfin, qu’il ne choisira pas de Premier ministre dans les rangs de son parti.

« Le Premier ministre avec lequel je travaillerais, si je suis élu, ne sera pas du MSP, s’est-t-il adressé avec le sourire au parterre de cadres du parti venus l’écouter. «J’ai déjà son nom en tête et il sera choisi pour sa compétence et sa probité», a-t-il ajouté, indiquant bien, hier, que la question posée à l’opposition d’aller ou non vers une candidature unique face au chef de l’Etat sortant demeure pour lui secondaire. Du moins jusqu’à nouvel ordre, n’excluant pas de prêter l’oreille à ce qui sera dit par les dirigeants politiques – Abdallah Djaballah, chef du FJD en tête – qui militent pour une candidature unique des formations hors majorité actuelle. Pour l’instant, et en attendant les développements d’une campagne qui s’annonce très différente des précédentes, le leader du MSP préfère la posture du candidat offensif et combatif, sûr de sa base et des atouts à faire valoir auprès de l’opinion algérienne dans sa diversité.

Pour Abdelaziz Makri, il est révolu le temps de classer les formations politiques sous les étiquettes de chapelles et de «les distinguer entre islamistes, démocrates ou patriotes». «On vient tous de Novembre» et on est là pour perpétuer son héritage, a-t-il ajouté en substance. Son projet politique est de revoir la Constitution qui a été «malmenée», selon lui, ainsi que l’instauration d’un gouvernement d’union nationale.

«J’irai directement vers un vaste dialogue avec tous les partenaires dans tous les domaines sur toutes les questions qui concernent la collectivité nationale », a-t-il ajouté, faisant prévaloir la nécessité de «bâtir un consensus national» pour faire avancer le pays, a-t-il dit. Toujours au chapitre du politique, le chef du MSP a visiblement choisi de bâtir sa stratégie de campagne en ciblant le chef de l’Etat sortant.

« Il n’y a pas d’homme providentiel », a-t-il déclaré à ce sujet, en souhaitant que M. Bouteflika retire sa candidature et que les partis de la coalition qui le soutiennent présentent leurs « propres candidats». Concernant les marches et les manifestations de rue hostiles à la candidature du chef de l’Etat sortant pour un 5e mandat, il dira : « Ils ont raison d’exprimer leurs avis dans la rue mais à condition qu’ils le fassent de façon pacifique, responsable, sans dérapage et loin des atteintes aux personnes et aux biens. »

En ce qui concerne le volet économique, le chef du MSP a parlé de l’objectif de création de «deux millions de PME » et de l’ouverture de chantiers de réformes des domaines administratif, douanier, politique et bancaire». Il a également parlé de valoriser « l’argent de la Zakat», de «réaliser la sécurité alimentaire de l’Algérie en dix ans et faire de notre pays l’un des pays les plus prospères dans le monde en 20 ans» sans recours exclusif aux hydrocarbures».

Dans le domaine de la Défense, M. Makri a promis d’«élever les capacités militaires et stratégiques de notre pays». Pour «le Service national, je mènerai des concertations avec l’institution militaire pour le réduire à 6 mois et obtenir des dispenses pour ceux qui ont une valeur dans le domaine du développement ».