MSP de Soltani: Trois nouvelles scissions

MSP de Soltani: Trois nouvelles scissions

C’est la grande déflagration au sein du MSP de Soltani. Après la dissidence de Menasra et la création de son parti Front du changement, c’est au tour de Ghoul, figure emblématique de l’aile pragmatique du MSP, de voler de ses propres ailes et de lancer en chantier une formation politique «hybride» idéologiquement et «opportuniste» politiquement.

Ces deux ruptures organiques ont marqué le parti et créé une véritable saignée au sein de l’encadrement et des bases locales et régionales du mouvement islamiste.

Tous les membres de la direction nationale du MSP ne cachent plus que ces dissidences vont laisser des traces et créer des «vides» difficiles à combler. Des appréhensions largement répercutées par des responsables locaux, mais que les leaders actuels du parti veulent juguler par des discours d’apaisement et d’opposition, tout en cherchant à maintenir une position de leadership dans le courant islamiste.

Or, une autre dissidence beaucoup plus silencieuse vient d’être opérée il y a quelques mois, avec la création d’un autre parti par un proche compagnon du défunt Nahnah. Il s’agit de Saïd Morsi, cofondateur de Hamas lors du congrès constitutif du 30 mai 1991.

A l’époque, les Frères musulmans d’Algérie activaient sous la bannière d’une association caritative dénommée «El-islah wa el-irchad» et s’évertuaient à ne pas s’exposer sur la scène politique, se contentant de prêches religieux, de l’occupation des espaces de mosquées, de l’accentuation du travail d’approche au sein des couches moyennes de la population et du développement des actions de solidarité et des aides sociales.

Ce sont les événements tragiques et les fortes tensions politiques du début des années 1990 qui ont poussé Nahnah à choisir la voie «partisane» et à se lancer dans les batailles électorales et politiques. Véritable «zaïm» et cheikh incontestable au sein de la confrérie des Frères musulmans, le défunt Nahnah subjuguait par son bagou et ses discours fortement «gentils», développant une attitude BCBG et un comportement «moderniste» du courant islamiste.

En politique, il créa une nouvelle théorie, celle de l’entrisme, qui a permis à ce courant de pénétrer pour la première fois les arcanes du pouvoir et de partager les grandes décisions du pays. En jouant le partenariat «relatif» et constructif avec les décideurs de l’époque, le MSP avait gagné son pari et réussi largement dans ses objectifs stratégiques au bout de dix ans de pratique.

C’est cela la victoire de Nahnah et son grand héritage qui semble aujourd’hui être le legs de la discorde. Aujourd’hui, tout le monde au sein du MSP pense que cet héritage, objet des convoitises à sa mort, a été définitivement perdu. Ni Soltani, ni Ghoul, ni encore Mokri ou Morsin, dont le parti s’appelle Ansar El-Djazaïr et vient d’avoir son agrément, ne peuvent sauver l’édifice édifié par leur père spirituel.

C’est ce qui explique les autres dissidences en cours au sein du MSP. En effet, on apprend que le morchid général de l’Internationale des frères musulmans basée en Egypte vient de donner sa caution morale et politique à une autre figure influente du MSP.

Il s’agit de Mostefa Belmahdi, dont on prétend qu’il s’attelle à créer son propre parti politique pour fédérer les différentes factions des Frères musulmans algériens. D’autres sources évoquent en même temps des démarches de la part d’un autre dirigeant du MSP, dissident depuis 2007, pour créer une autre formation politique, en puisant des bases locales du parti islamiste.

Ces deux nouvelles dissidences en préparation, rajoutées à celles toutes récentes de Morsi, l’ancien compagnon des défunts Nahnah et Bouslimani, et de Ghoul avec son fameux TAJ, ont complètement laminé le MSP de Soltani.

Ce dernier ne pourra plus garantir les succès électoraux et politiques d’antan du parti, ni lui permettre de maintenir le leadership du courant islamiste algérien. Au sein des structures du MSP, il est question, plus que jamais, de tenir au plus vite un congrès extraordinaire dès la fin des élections locales.

H. Rabah