Un vent d’alternance semble souffler sur les partis politiques en Algérie. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) s’est résolu en fin du compte à se retirer de la tête du parti en mai prochain.
Dans sa lette remise à son conseil consultatif, une institution souveraine entre deux congrès, réuni en session ordinaire ce week-end, le successeur de Mahfoud Nahnah à la tête du MSP depuis 2003 ne compte plus briguer un troisième mandat lors du 5e congrès prévu au mois de mai prochain. La session de la plus haute instance du parti dont les travaux sont ouverts depuis jeudi, se tient dans une conjoncture de crise qui secoue le parti de Bouguerra Soltani.
Le président du MSP a déclaré lors de la session du même conseil consultatif tenu au début du mois de juillet dernier, qu’il n’était pas prêt à remettre sa démission avant le prochain congrès. Dans son discours prononcé en cette occasion, il a également exclu la tenue d’un congrès extraordinaire pour élire son successeur et demande à ses détracteurs au sein du parti d’attendre 2013. Il justifie son retrait précoce par le souci dû au respect des statuts du parti. Cela prouve, selon lui, l’engagement de sa formation à donner l’exemple avant de formuler des propositions ou défendre la limitation des mandats présidentiels lors des amendements de la Constitution.
Les déboires de Soltani, désormais très contesté, ne datent pas d’aujourd’hui. Même tombé en disgrâce auprès du pouvoir en place, la position de Soltani pêche par son refus, longtemps assumé, d’entrer dans le costume d’opposant. Il a une attitude pour le moins ambiguë vis-à-vis du pouvoir. Il s’est rallié au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en formant une alliance avec le RND et le FLN. Cette prise de position affichée d’islamiste modéré et fréquentable lui a valu une perte de cote dans les milieux islamistes. Son soutien inconditionnel en 2009 pour un troisième mandat au président de la République a entraîné la démission de plusieurs membres de son parti, dont l’ex-ministre de l’Industrie, Menasra, qui s’est soldée par la création le 16 avril 2009 d’un nouveau parti islamiste, le Mouvement pour la prédication et le changement. Accusé par les cadres du MSP d’avoir été à l’origine des échecs cuisants lors des législatives et du double scrutin pour le renouvellement des APC et APW ainsi que le renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil de la nation, Bouguerra Soltani a vu son autorité de plus en plus contestée. Mais ce n’est pas le seul grief retenu contre le président du MSP. Ce dernier a été même lâché par ses bailleurs de fonds traditionnels.