M’sila: faute d’infrastructures, des enfants optent pour des “bains de la mort”

M’sila: faute d’infrastructures, des enfants optent pour des “bains de la mort”

M’SILA – L’absence de piscines et de lieux de loisirs dans la wilaya de M’sila pousse les enfants, en cette période de grande chaleur, à se diriger vers des plans d’eau  au péril de leur vie. Le constat est jugé alarmant, interpellant les autorités quant aux moyens à offrir à la population des sites de baignade sécurisés.

Le recours des jeunes à ces lieux de baignade dangereux a été à l’origine de la disparition tragique de 8 enfants en l’espace de deux semaines seulement, au cours du mois de juin dernier. Un bilan de la direction locale de la protection civile, méritant du reste une large action de prévention et de sensibilisation.

Les deux premières victimes ont été enregistrées dans la commune d’El Houamad, relevant de la daïra de Khabana, lorsque deux enfants venant tout juste de terminer leurs examens de fin du cycle primaire, ont trouvé la mort dans un canal d’eau situé non loin de leur lieu de résidence.

Les victimes restantes sont décédées dans des plans d’eau et des retenues collinaires situés à sidi Ameur, M’sila, Maârif et à Bousaâda, où un enfant de 11 ans est décédé en essayant de se baigner dans un trou profond creusé par une pelleteuse.

La commission d’enquête créée à cet effet par les services de wilaya a décidé de suspendre l’entreprise propriétaire de la pelleteuse pour non-respect du cahier des charges faisant état de l’obligation d’assurer la protection et la sécurité des personnes sur les chantiers.

Consciente de la gravité de la situation, la wilaya de M’sila multiplie à ce titre les campagnes de sensibilisation sur les dangers de la baignade dans les retenues collinaires et autres plans d’eau en direction des jeunes, par le biais des éléments de la protection civile et des représentants de la société civile.

Ces campagnes consistent à notamment à aller à la rencontre des habitants des zones rurales et à les inciter à surveiller et à empêcher leurs enfants de se baigner dans ces endroits qui constituent un danger certain.

Enorme déficit en matière de piscines

Si la wilaya de M’sila a vu au cours des cinq dernières, la réalisation de deux (2) nouvelles piscines de proximité relevant du secteur de la jeunesse et des sports à Sidi Aissa et à Ain El Hadjel venant s’ajouter à 2 autres déjà existantes à Boussaâda et au chef-lieu de wilaya, il n’en demeure pas moins que ce nombre de structures reste très insuffisant au vu de la demande et des besoins des habitants de cette région.

Le nombre de piscines dans cette wilaya n’a cessé de baisser depuis les années 1980, une période au cours de laquelle M’sila et Boussaâda disposaient de piscines communales, deux à M’sila qui se trouvent aujourd’hui dans un état avancé de délabrement et une (1) à Boussaâda pour laquelle une enveloppe de 10 millions DA (puisés sur budget de la wilaya) a été allouée pour son réaménagement, mais les travaux n’ont pas encore été entamés.

A l’heure où les investissements publics et privés dans ce créneau sont quasi-inexistants et que le manque de structures se fait plus que jamais ressentir en cette période de grande chaleur, tout porte à croire que les enfants des zones rurales et autres régions enclavées de la wilaya de M’sila continueront à se diriger vers les différents plans d’eau pour s’y baigner, souvent au péril de leur vie.

Des projets de bassins de natation qui tardent à voir le jour

Pour rappel, la wilaya de M’sila avait été inscrite en 2003 pour la réalisation de 23 piscines et bassins de natation à travers ses 47 communes, dans le cadre du Fonds de développement des régions Sud, mais aucun de ces projets n’a pu être parachevé jusqu’à présent, faute de financement notamment.

Les jeunes des zones enclavées de la wilaya de M’sila sont aujourd’hui convaincus que personne ne peut résister de se baigner dans des plans d’eau quand le mercure affiche plus de 40 degrés à l’ombre et que les moyens de se payer une escapade en bord de mer viennent cruellement à manquer.

De plus, les séjours en mer destinés aux enfants et aux jeunes ne bénéficient qu’à environ 5000 d’entre eux, alors que la demande est jugée beaucoup plus importante.