A l’origine de la forte spéculation Battant son plein depuis début janvier 2009 et rendue de plus en plus intense avec la réduction réelle ou supposée de l’offre de ciment à travers le pays, la spéculation sur le ciment au niveau de cette cimenterie est devenue une pratique commerciale tacitement admise – du fait de l’absence de la fonction contrôle – en mesure de soulever un conflit intertribal et d’embraser toute une région.
Les affrontements entre spéculateurs ayant eu pour théâtre samedi dernier la cimenterie Lafarge de M’sila en est la preuve tangible.
Selon une source au fait de la situation particulière sévissant au niveau de cette unité, la spéculation est alimentée par des employés de la cimenterie qui, en se constituant une armada de clients fictifs, mettent en vente plus de 650 bons, ce qui constitue la production d’une journée, soit 13 000 tonnes à raison de 20 t/j par bon.
Le nombre de bons de ciment cédés chaque jour, soutient-on, devrait nettement être supérieur à 650 du fait que le délai d’enlèvement est en moyenne de 45 jours ; quelquefois, ce délai peut atteindre jusqu’à trois mois.

Cela voudrait dire que le nombre de bons de ciment mis en vente dépasse largement la quantité produite.
L’ampleur de la spéculation dépasse tout entendement. Les distributeurs de ciment répartis à travers le pays et affiliés à la cimenterie Lafarge seraient au nombre de 200, selon un cadre de la direction du commerce.
L’enquête menée par cette dernière depuis quelque temps pour démasquer les clients fictifs a permis d’identifier, 5 faux distributeurs, « des gros » nous dit-on, qui se sont sucrés à volonté avec la complicité de travailleurs introduits dans les rouages de la cimenterie.
Vu l’ampleur de la spéculation et la lourdeur caractérisant cette enquête, il va sans dire qu’il faudra des années pour venir à bout de ce réseau mafieux, apte à changer de mode opératoire et à se maintintenir indéfiniment.
Par ailleurs, cette spéculation est rendue plus vive dans cette cimenterie du fait, de la non-implication effective du groupe Lafarge dans la gestion de l’unité de M’sila.
Cela est dû vraisemblablement à la longue phase de flottement caractérisant le passage d’un mode de gestion par délégation de l’ACC en raison des interminables conflits des manutentionnaires, à une gestion plus rigoureuse par le groupe Lafarge, qui semble butter sur des difficultés dont personne ne connaît la nature, du moins pour le moment.