L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, jeudi 12 mars, qu’elle allait retirer du Darfour la quasi-totalité de son personnel. Cette décision intervient au lendemain de l’enlèvement d’une infirmière canadienne, d’un médecin italien et d’un responsable de terrain français appartenant à la section belge de l’organisation.
Pour des raisons de sécurité, MSF ne conservera sur le terrain que des équipes réduites chargées d’obtenir la libération des trois humanitaires, explique Filipe Ribeiro, directeur général de l’ONG.
Les responsables de MSF-Belgique ont par ailleurs confirmé, comme l’avait indiqué un responsable soudanais, avoir pu parler mercredi soir avec le coordinateur de terrain français kidnappé. « Ils sont tous les trois ensemble, ils ont reçu de la nourriture et ont été bien traités pendant l’enlèvement et pendant les mouvements en voiture qui ont suivi », a assuré Stephan Goetghebuer, directeur des opérations de MSF-Belgique, précisant que les deux Soudanais enlevés en même temps avaient été relâchés « en bonne santé » mercredi soir.
UN « GROUPE D’HOMMES ARMÉS »
L’identité des ravisseurs est inconnue pour l’instant. MSF-Belgique a seulement précisé qu’il s’agissait d’un « groupe d’hommes armés ». « Nous n’avons pas d’information sur les raisons [de l’enlèvement]. Nous savons que les autorités soudanaises ont dit que le motif était l’argent mais nous ne pouvons ni confirmer ni démentir », a ajouté M. Goetghebuer. Prévenu immédiatement, Khartoum affirme mettre tout en œuvre pour retrouver les travailleurs humanitaires.
Les sections française et hollandaise de MSF avaient été expulsées du Darfour la semaine dernière par les autorités soudanaises, en réponse au mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale contre le président Omar Al-Bachir. Restaient sur place les équipe belge, espagnole et suisse de l’organisation. Mais pour Filipe Ribeiro, la situation au Darfour est trop compliquée pour établir un lien de causalité directe entre la décision de la CPI et les récents enlèvements : « Il s’agit de la première fois, à ma connaissance, que des humanitaires internationaux sont enlevés au Darfour », a pour sa part annoncé un porte-parole de la Minuad, la force de maintien de paix internationale sur place.