La résolution de la crise des réfugiés, qui ne cesse de s’aggraver notamment en Europe, repose sur la résolution politique des conflits au Moyen-Orient et dans les pays frappés par des crises, ont estimé lundi à Alger des experts, soulignant l’échec de l’Union européenne (UE) dans la gestion de flux migratoires.
« L’aggravation de la crise des réfugiés découle de l’échec de la communauté internationale à trouver une issue politique à la crise syrienne », a expliqué le directeur de l’Ecole nationale supérieure des sciences politiques, Nadji Amara, dans son intervention lors d’une conférence-débat sur « La crise des réfugiés et ses répercussions démographique et sécuritaire », organisée conjointement avec le quotidien al-Chaâb.
Pour M. Amara, « le prolongement de la crise en Syrie a pour but de vider le pays de son peuple et de le diviser en communautés afin d’assurer la sécurité d’Israël dans la région ».
Le conférencier n’a pas manqué également d’expliquer que « les divergences au sein de l’UE sur la répartition des quotas de réfugiés, a révélé l’aspect discriminatoire de certains pays, qui exigent, à titre d’exemple, de limiter l’ouverture de leurs frontières aux réfugiés de confession chrétienne ».
Profondément divisés, les pays européens de l’est et de l’ouest vont tenter une nouvelle fois, cette semaine, de s’accorder sur un principe de répartition pour l’accueil des réfugiés, et de dégager une aide financière pour les pays frontaliers de la Syrie qui en hébergent près de quatre millions de personnes.
M. Amara a, en outre, rappelé, la position « immuable » de l’Algérie sur la résolution de la question des réfugiés « par des projets de développement » afin d’endiguer les flux migratoires, estimant qu’il « incombe à l’UE de réussir un tel processus de prise en charge des migrations.
Pour sa part, le professeur à la Faculté des sciences politiques et des relations publiques à l’Université d’Alger, Abdel Wahab Ben Khelif, a affirmé que la problématique de la migration représente désormais « un défi sécuritaire » pour l’Europe, qui « craint un développement de l’extrémisme, du comportement criminel et du trafic d’armes à l’intérieur de ses frontières ».
« Ce qui se passe au Moyen-Orient et en Libye est la conséquence naturelle du projet planifié depuis 2011 pour le Grand Moyen-Orient, qui s’est concrétisé à travers la répartition de certains pays de la région à l’exemple du Soudan, alors que des projets pour désintégrer d’autres territoires, tels que l’Irak, la Syrie et le Yémen, sont en cours.
Selon M. Ben Khelif, « les Etats-Unis sont responsables de la situation au Moyen-Orient, qui alimentent les conflits dans la région ».
Pour étayer ses propos, il a souligné la position « mystérieuse et floue » de Washington au sujet des tensions qui secouent le Moyen-Orient, notant que « les Européens sont victimes de la stratégie américaine dans la région, qui cherche à assurer la sécurité de l’Etat hébreu ».
« Il revient à la communauté internationale et groupes régionaux de résoudre la crise des réfugiés et de maîtriser la migration clandestine par la résolution politique des conflits au Moyen-Orient et la Libye », a-t-il conclu.