La tricherie a touché six wilayas
Les mesures prises à l’encontre des candidats accusés de tricherie ont suscité une vague de protestations à travers de nombreuses wilayas.
Les responsables du secteur de l’éducation, ont-ils pris la bonne décision, en excluant pour cinq ou dix ans les candidats accusés de tricherie à l’examen du Bac, session 2013? Les réactions hostiles des candidats incriminés et surtout les mouvements de protestations qu’ils ont déclenchés à travers certaines wilayas pour protester contre cette mesure qu’ils considèrent injuste et disproportionnée à la fois, ont mis tout le monde dans la gêne, en tout cas. Pour les uns, il n’est pas question de fermer les yeux après cette «tricherie collective» qui a beaucoup affecté le secteur et l’a mis en très mauvaise posture. Même si elles sont extrêmement sévères, les sanctions prises à l’encontre des exclus sont, estiment-ils, l’unique remède pour réprimer la fraude et dissuader, à l’avenir, les candidats qui voudraient s’y essayer. Pour les autres, particulièrement ceux qui clament leur innocence, en criant sur tous les toits qu’ils n’ont pas participé à la triche, cette punition est une véritable condamnation pour eux, parce qu’elle les prive de l’examen du Bac durant cinq ou dix ans. A en croire les parents, ce n’est pas tant l’échec qui les révolte, mais plutôt cette suspension, à laquelle ils ne s’attendaient guère, qui les inquiète. Des élèves accompagnés de leurs parents se sont présentés à la rédaction du journal juste après la parution des résultats pour dénoncer cette mesure qu’ils qualifient d’injuste et d’irresponsable. Selon eux, l’Office national des examens et concours a agi dans la précipitation en sanctionnant aussi bien les tricheurs, que les autres candidats qui ont eu la malchance de se retrouver dans la même classe d’examen qu’eux. Revenant sur les regrettables incidents qui ont eu pour théâtre le lycée Hassiba Ben Bouali de Kouba, les plaignants soutiennent mordicus que des candidats venant des classes voisines, avaient tenté de faire pression sur eux, en les menaçant avec leurs couteaux, de boycotter l’examen de philosophie, au motif que le thème ne faisait pas partie du programme. Le fait le plus grave, affirment-ils, c’est l’attitude regrettable affichée par certains surveillants qui ont refusé de témoigner en faveur des candidats innocents. D’autres ont fait preuve d’un manque flagrant de professionnalisme et de courage, en refusant, carrément, de signer le procès-verbal faisant état de cas de fraudes, alors qu’ils ont tout vu et n’ont pas levé le petit doigt. Réagissant après la publication des résultats et les sanctions prises à l’encontre des «fraudeurs», la coordination nationale du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique, a indiqué, pour sa part, qu’elle soutient les sanctions contre les candidats soupçonnés de tricherie. Soulignant qu’«il faut appliquer la loi à tous et pas seulement aux élèves», elle considère que ces mesures sont justifiées et qu’elles participent d’une volonté de sauver le Bac, en le débarrassant des tricheurs et de tous ceux qui veulent le discréditer ou nuire à sa réputation. Selon l’Onec, la tricherie a touché six wilayas où 3180 cas ont été relevés au total, soit un taux de 0,56%. L’Union des parents d’élèves qui n’a pas voulu trop épiloguer sur la question appelle, quant à elle, à une levée des sanctions et se dit favorable à une deuxième session pour permettre à ceux qui n’ont pas pris part à la fraude de se rebiffer et prouver, par la même, qu’ils ont été injustement sanctionnés. Le tout est de s’interroger, maintenant, comment tous ces élèves accusés de tricherie ont pu déjouer l’attention des surveillants et du service d’ordre en introduisant à l’intérieur des classes d’examen des armes blanches et des téléphones portables? Jadis, c’était la fuite des sujets qu’appréhendaient le plus l’Office. Aujourd’hui, on fait état de fraude ou de tentatives de fraude avec la complicité de certains enseignants, pardi. Fort heureusement, le lancement de la 3G a été ajourné. Que ce serait-il passé si cette technologie était introduite et appliquée en Algérie?