Depuis le début de l’année, les journées de la plupart des ministres n’ont pas été de tout repos. Il faut dire qu’ils ont eu à faire face à des mouvements de protestation qui n’ont épargné aucun secteur.
Il ne s’est pas passé une semaine sans qu’une protestation prenne place, principalement dans la capitale. Santé, Enseignement supérieur, Éducation, Habitat ou encore les corps constitués, les revendications socioprofessionnels ne se sont pas fait attendre.
En effet, il y a lieu de citer les différentes grèves dans des secteurs tous aussi névralgiques les uns que les autres. Côté enseignement supérieur, les étudiants sont bien loin de décolérer au jour d’aujourd’hui. Ils exigent le maintien du système classique et l’annulation du décret 10/315 de décembre 2010 qui, selon eux, est le texte consacrant leur exclusion des cycles de formation en post-graduation. En réponse aux différentes manifestations tenues par les étudiants de plusieurs universités du pays, qui se sont regroupés sous la coupe de la Coordination nationale et autonome des étudiants (Cnae), Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, s’est refusé d’admettre que le système d’enseignement LMD, source de toute la grogne estudiantine, connaît certaines lacunes. Plus encore, lors de la Conférence nationale sur l’université tenue à l’USTHB, fin mars, il réitère son soutien indéfectible à ce système.
C’est dire que certains de nos ministres usent de tous les moyens pour laisser traîner les choses. Là encore, c’est tout le contraire, leur réactions (ministres), pour certains : proliférer des menaces à l’encontre des grévistes ou encore faire appel à la justice pour interdire ces manifestations. Le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, n’a pas été plus chanceux que ses collègues.
Les enseignants contractuels ont observé un mouvement de protestation qui, au bout, a fini par avoir écho. Le président de la République leur a donné gain de cause, contrairement à Benbouzid qui a choisi d’expédier cela aux affaires courantes. Il faut le dire, les mouvements de protestation dans le secteur de l’éducation ne datent pas d’aujourd’hui. Rien de plus simple. Il leur a suffi de squatter l’esplanade de la Présidence de la République. Ce qui a donné la puce à l’oreille aux autres mouvements de protestation qui, désormais, savent qu’il faut passer outre la tutelle et viser le palais d’El-Mouradia pour faire entendre leurs revendications au premier magistrat.
Pour le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Noureddine Moussa, pas moyen de déloger les contestataires. Quotidiennement, il voit défiler de nouvelles têtes. À commencer par les souscripteurs AADL 2001 qui réclament un toit. Le ministre leur répond qu’il n’existe pas d’assiette foncière. Après que ces souscripteurs se soient démêlés à se procurer une parcelle de terrain, le ministre choisit de compliquer encore les choses. Face à cela, les protestataires ont décidé de poursuivre leur mouvement.
Le ministre a, par ailleurs, eu à affronter son propre personnel. En effet, les travailleurs des directions et divisions de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui se sont constitués en Coordination nationale, ont tenu un sit-in la semaine dernière, pour exiger une amélioration des conditions de travail, entre autres. La CNTHU, face au silence de Noureddine Moussa a menacé de poursuivre sa grève et a élaboré une première plateforme de revendications socioprofessionnelles.
Idem pour le secteur de l’énergie. Les travailleurs de Sonatrach ont fait part de leur ras-le-bol au ministre de tutelle, Youcef Yousfi. Même situation pour les travailleurs de Sonelgaz qui sont montés au créneau revendiquant de meilleurs salaires et conditions de travail. Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, à sa tête Daho Ould Kablia, s’est vu affronter les communaux, puis les gardes communaux tout récemment et demain les Groupes de légitime défense (GLD).
Point commun entre tous ces protestataires, des revendications socioprofessionnelles, car estimeant qu’ils ont longtemps été marginalisés avec des salaires et des conditions de travail déplorables. Daho Ould Kablia, face aux gardes communaux, a choisi la carte «menace», avant d’être désavoué par la présidence de la République qui leur a donné une suite favorable.
Par : Massinissa Benlakehal