Mouvement populaire : Les manifestants maintiennent la pression

Mouvement populaire : Les manifestants maintiennent la pression

Théâtre d’une dynamique sans précédent, la rue ne désemplit plus depuis la marche du 22 février dernier. Hier encore, ce sont  les enseignants et fonctionnaires du secteur de l’Education qui ont répondu  massivement à l’appel de l’Intersyndicale de l’Education nationale en observant une journée de grève et en marchant dans de nombreuses villes du pays.

En effet, la journée d’hier, outre la forte mobilisation des magistrats qui ont manifesté à travers le pays, a été marquée par le gel de l’activité au sein du secteur de l’Education où les travailleurs ont décidé de déserter les établissements scolaires et d’envahir l’espace public. L’Intersyndicale, composée de six syndicats autonomes, avait appelé l’ensemble des travailleurs à rejoindre le mouvement populaire pour exprimer leur mécontentement face aux dernières décisions du chef de l’Etat. A Alger, ils étaient des centaines à sortir manifester et dire non au report de l’élection et à la prolongation du 4e mandat du Président.

Contrairement aux précédents appels à la protestation lancés par l’Intersyndicale pour des revendications liées au secteur de l’éducation, où le suivi était mitigé, ce dernier a été hier quasi général. De nombreux établissements de la capitale des trois paliers de l’Education ont fermé leurs portes et libéré les élèves. Les enseignants, de leur côté, ont occupé les rues d’Alger centre et la place Maurice-Audin, tout comme les étudiants la veille. A l’ouest du pays, à Sidi Bel Abbès, les enseignants se sont regroupés en force pour exprimer leur soutien à la volonté du peuple qu’ils jugent légitime, et ont réclamé le départ de Benghebrit, la ministre de l’Education nationale.

Dans certaines communes, les enseignants ont répondu au mouvement et fait la grève d’une demi-journée. De leur côté, les enseignants universitaires, auxquels se sont joints les étudiants, se sont regroupés au niveau de la place du 1er-Novembre. Pareil à Tlemcen, où les enseignants et les corps communs ont marché hier, arborant des tabliers blancs. Ils ont aussi tenu un sit-in symbolique devant le siège de la wilaya, au boulevard Pasteur, et à la direction de l’Education. Le Sud du pays a également bougé, notamment dans les wilayas de Béchar et Ouargla, où des centaines de fonctionnaires du secteur de l’Education ont marché en soutien au mouvement de protestation du peuple.

Les enseignants ont été rejoints par leurs élèves dans certaines communes et, ensemble, ils ont appelé au respect de la volonté du peuple. A Ghardaïa, près de trois cents personnes, entre enseignants et membres de l’administration, dont plus d’une centaine de femmes, à tenir un sit-in devant l’académie, avant d’engager une marche à travers les artères de la ville. A Tizi Ouzou, c’est une foule immense qui a répondu favorablement à l’appel de la communauté universitaire et de l’Intersyndicale de l’éducation. Après les magistrats qui ont organisé un sit-in avec le soutien des avocats, des huissiers et des greffiers, c’était au tour des étudiants, des enseignants et des travailleurs de l’Ummto de descendre dans la rue dans la journée d’hier.

A ce mouvement, se sont joints des citoyens représentant des corporations professionnelles, comme les journalistes, et des travailleurs du secteur de la santé. Même image à Béjaïa, où enseignants, étudiants, magistrats et avocats ont marché côte à côte pour dire leur ras-le-bol. A l’Est, au chef-lieu de la wilaya de Sétif, ou encore à El Eulma, ils étaient des centaines à battre le pavé, enseignants, étudiants et même jeunes élèves ont marché ensemble après avoir observé des sit-in devant les sièges des rectorats des deux établissements d’enseignement supérieur. Même cas de figure à Boumerdès et El Tarf. Pour l’Intersyndicale de l’Education nationale, la journée d’hier a été une véritable réussite. « Nous avons mobilisé la quasi-totalité des travailleurs du secteur, c’est du jamais vu.

Cela prouve que les travailleurs de l’Education sont non seulement solidaires mais qu’ils sont tous plus qu’engagés pour la construction d’un Etat de droit», a souligné Idir Achour, porte-parole du Cela. Le syndicaliste, qui a salué la mobilisation des enseignants, a insisté sur «la nécessité de maintenir la pression de la rue» et cela en poursuivant les marches pacifiques. «Il faut occuper les rues, c’est le seul moyen de revendiquer ses droits et dire le fond de sa pensée. Il n’y a aucune différence entre enseignants, étudiants, magistrats et citoyens, il faut rester unis et solidaires», a recommandé notre interlocuteur.

Wafia Sifouane