Entamée depuis plus de deux mois, ce n’est qu’hier que le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a jugé la grève des résidents d’« illégale » et a ordonné à ces derniers d’évacuer les lieux occupés et de rejoindre leurs postes de travail.
Ce jugement est basé sur les accusations portées par le ministère de la Santé, partie plaignante, sur le caractère illégal du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), qui ne possède « aucun agrément pour mener une activité syndicale ». En réaction à la décision de la justice, les résidents ont d’ores et déjà menacé de durcir le ton. D’ailleurs, ils ont poursuivi leur sit-in au niveau du CHU Mustapha-Pacha pour dénoncer la « hogra » et menacé de démission collective de plus de 10 000 résidents.
Ils ne s’arrêtent pas là ! Dans le cas de ponctions sur leurs salaires, ils menacent d’abandonner le service minimum assuré depuis le début de la grève. En effet, un grand nombre de résidents sont arrivés à l’hôpital pour soutenir ceux qui ont passé plus de 24 heures dans l’enceinte de l’établissement. Pour rappel, les résidents venus de plusieurs wilayas ont passé la nuit de mardi à hier au CHU Mustapha après un sit-in « historique » dans la journée de mardi. Des milliers de résidents ont exprimé leur colère à travers ce sit-in. Ils remettent en cause le traitement de leurs préoccupations par la tutelle qui essaye, selon eux, de « gagner du temps » avec l’installation d’une commission dont les membres n’ont même pas connaissance de leurs revendications. Aussi, il faut savoir que ce jugement intervient au moment de la tenue d’une réunion entre les résidents et le comité intersectoriel installé dimanche dernier par Mokhtar Hasbellaoui dans le cadre des négociations entamées entre les deux parties pour trouver une issue au problème des résidents et satisfaire leurs revendications socioprofessionnelles. La rencontre d’hier a porté sur la revendication principale : le service civil. Mais les membres du Camra l’ont qualifiée « de non fructueuse » parce que, selon eux, elle « ne reflète pas la volonté des autorités concernées à exaucer nos revendications ». Certains médecins interrogés pensent que les membres de ce comité connaissent bien le dossier, mais « essayent de gagner du temps pour épuiser le mouvement de protestation avec des rencontres marathoniennes en se succédant et répartir les tâches entre les membres ». Concernant le service national, les résidents ne savent pas encore quel secteur va s’en charger sachant que le ministère de la Défense ne fait pas partie du comité intersectoriel. Les délégués du Camra estiment que c’est le ministère de l’Intérieur qui va se charger de ce point important de la plate-forme des revendications. En tant que syndicat, le Camra est un collectif né en 2011. Il représente les médecins résidents et s’est donné comme mission de faire entendre leurs voix. Ce mouvement fonctionne selon un système de délégués et de porte-paroles. Dans chaque service hospitalier, les résidents élisent un délégué du service qui est chargé de les informer de l’actualité de la protestation. Et l’ensemble des délégués de service élisent à leur tour un délégué de l’hôpital. Celui-ci représente l’hôpital dans les réunions des délégués nationaux. Des réunions sont tenues régulièrement dans l’hôpital et regroupent les délégués de chaque hôpital. Des débats sont tenus sur les actions à entreprendre durant la protestation, et les résidents émettent leurs préoccupations et procèdent à des votes. Les débats sont régulés par un modérateur, aussi délégué de service. Par ailleurs, les assemblées générales réunissent les délégués nationaux dans les différentes villes du pays. La dernière AG s’est tenue à Alger le 15 janvier 2018 pour débriefer les délégués et partager les tâches entre eux.
