Le gouvernement français a entamé, dès lundi, une course contre la montre, en mettant en musique ses décisions, pour une sortie de crise des «gilets jaunes» avant la fin de l’année, afin que les mesures prises soient palpables dès janvier 2019.
Le Premier ministre Edouard Philippe a commencé par détailler lundi, les mesures sociales qu’avait annoncé le président Emmanuel Macron en direction du mouvement des «gilets jaunes», qui connaît depuis un recul en matière de mobilisation. C’est dans ce contexte jugée «favorable» aux yeux du gouvernement que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, veut démanteler les blocages et l’occupation des ronds-points par les «gilets jaunes», considérés, avec les réseaux sociaux, comme sources de départ de la mobilisation et de la contestation. Toujours aux yeux du gouvernement, cette crise doit connaître son dénouement avant que d’autres contestations ne viennent se greffer à la mobilisation des «gilets jaunes» qui s’est transformée, ces derniers jours, en un mouvement politique brandissant ainsi des revendications politiques allant dans le sens de la participation démocratique horizontale au lieu et place de celle verticale.
Il y a lieu de rappeler que les secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur ont déjà lancé leurs mouvements de protestation, où lycéens et étudiants, en bloquant les établissements, réclament du gouvernement de renoncer à des décisions concernant notamment la réforme du Bac ou l’augmentation des frais d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers. Lundi également, le syndicat Alliance Police Nationale a appelé à une «journée noire» pour mercredi, afin de protester contre le budget 2019, adopté jeudi par l’Assemblée nationale française, pour les forces de sécurité, en baisse de 62 millions. Eprouvées par les mobilisations des «gilets jaunes» et sûrement impactées par les revendications sociales du mouvement, les forces de sécurité engageront mercredi un «Acte I» de leur mobilisation et ne devront intervenir que «lors des appels d’urgence», selon un communiqué.
«Malgré nos appels répétés au président de la République, d’annoncer un plan d’urgence pour les forces de sécurité, à ce jour rien n’est encore annoncé», a indiqué le syndicat de police, dont sa première journée d’action a été nommée «Fermons les commissariats».
Mercredi, les policiers engagent un «Acte I» de leur mobilisation
C’est dans un contexte où le feu peut prendre à la maison à tout moment, que le président Macron, dont la popularité ne finit pas de chuter (23 % seulement des Français satisfaits), a annulé son déplacement pour mardi, à Biarritz (Pyrénées-Orientales) où il lancera la présidence française du G7. Il restera à Paris pour réunir des ministres et des acteurs économiques dans le but d’organiser la grande concertation nationale annoncée dans le cadre des mesures liées à la crise des «gilets jaunes». Pour ce débat qui doit durer jusqu’au 1er mars, il a inscrit à l’ordre du jour quatre grands thèmes, à savoir la transition écologique, la fiscalité, l’organisation de l’État et la démocratie et citoyenneté. Le dossier de l’immigration a été rajouté au menu, a-t-on indiqué.
Dans cette course contre la montre, le Premier ministre a assuré lundi, dans un entretien au journal Les Echos, que la hausse pour les salariés au salaire minimum (Smic) prendra effet dès le 5 février, indiquant que le gouvernement va élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions. Sur le plan politique, pour répondre aux «gilets jaunes», Edouard Philippe s’est «favorable» à leur revendication d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC), précisant que «c’est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France». Pas de réaction pour le moment des «gilets jaunes». Par ailleurs, les commerçants ne cachent pas leur désolation quant au manque à gagner, en matière de chiffre d’affaires, suite aux différentes mobilisation et blocages des «gilets jaunes» durant les cinq week-ends qui ont précédé la période des achats pour les fêtes de fin d’année.
Selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), les cinq week-ends de méventes ont coûté deux milliards d’euros au secteur du commerce, affichant le désespoir de pouvoir les récupérer d’ici à la fête de Noël. La perte d’activité pour les commerces est estimée en moyenne de -25 %, avec des pointes à -50, -70, (et) dans certains endroits -90%, selon des chiffres officiels. Pour leur part, les exploitants des autoroutes ont indiqué que les dégâts causés par le mouvement des «gilets jaunes» sont estimés en «dizaines de millions d’euros». Dans ce contexte délicat, dans lequel le gouvernement tente sa sortie de crise, des observateurs estiment que l’heure est à l’apaisement immédiat et dans les jours à venir le gouvernement devrait expliqué d’où il puisera le financement de ses mesures de sortie de crise.