Triste spectacle!
Les schismes qui ont ébranlé les deux principales forces politiques du pays ne doivent pas être minimisés: ils visent deux poids lourds de la scène politique algérienne à moins de 18 mois de l’élection présidentielle.
La fronde, qui est menée par des seconds couteaux, d’anciens ministres que l’on croyait à la retraite ou d’obscurs hommes politiques, risque de priver l’échiquier politique de deux voix qui comptent à moins de dix-huit mois d’une élection présidentielle qui s’annonce des plus ouvertes, voire indécises, à condition, bien entendu, que le chef de l’Etat renonce à un quatrième mandat. Annoncés comme des successeurs potentiels d’Abdelaziz Bouteflika dans le cas où il renoncerait à se porter candidat à la magistrature suprême en 2014, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem voient ce destin présidentiel qu’ils caressent en secret s’éloigner. Comment peuvent-ils en effet accéder au palais d’El Mouradia en étant privés du soutien de leurs partis.
Deux véritables machines à gagner les élections dont ne peut se passer un homme politique, fût-il d’envergure, qui aspire à présider aux destinées du pays. Ali Benflis l’a appris à ses dépens en 2004… Pour le secrétaire général du Rassemblement national démocratique et celui du Front de libération national les deux premières étapes semblaient avoir été franchies sans encombre.

Une victoire éclatante pour le FLN aux élections législatives du 10 mai et la consolidation de la position du RND qui s’est imposé comme la seconde force politique du pays.
Les deux partis sous la houlette de leurs deux leaders, ont dans un mano a mano prévisible confirmé leur suprématie lors des élections locales du 29 novembre 2012 même si la victoire du Front de libération nationale s’est révélée moins retentissante. Pour clore le tableau de leurs performances respectives les deux formations politiques se sont taillé la part du lion à l’occasion des récentes sénatoriales. Sauf que cette fois-ci le RND a réussi à damer le pion à son rival, mais néanmoins compagnon de route au sein de la coalition gouvernementale. Dans ce duel, à distance, que se sont livré les deux hommes qui ont eu tour à tour à assumer les fonctions de Premier ministre et de chef du gouvernement on y a pratiquement vu une séquence voire un tour de chauffe annonçant cette compétition potentielle à laquelle ils auraient dû se livrer pour la présidentielle de 2014. Ce scénario fort probable, a contre toute attente, avorté. Ahmed Ouyahia a cédé devant un vent de la contestation qui a sans doute soufflé trop fort. Il a décidé de démissionner de son poste de SG pour éviter la déflagration de sa formation politique alors que Abdelaziz Belkhadem continue à faire face à un schisme dont la férocité s’amplifie de jour en jour. Il a pris des relents de folklore avec une mise à mort symbolique programmée, digne des combats de gladiateurs. Le SG du FLN est dans la fosse aux lions.
Reste à savoir quand sera-t-il dévoré. Tout indique qu’il vendra chèrement sa peau. Dans cette lutte fratricide qui ne dit pas son nom, nul doute qu’il y aura de la casse au sein de la maison FLN. A qui profitera la crise? Certainement pas à la pratique de la démocratie. Ni à l’Algérie qui, en plus de faire son apprentissage, fait face à des défis économiques cruciaux: dépendance par rapport aux hydrocarbures, autosuffisance alimentaire, facture exorbitante des importations, crise du logement…
La classe politique, qui doit en faire la promotion, se livre à ce triste spectacle où tous les coups sont permis.
Les appétits se sont vraisemblablement aiguisés à l’approche de l’élection présidentielle de 2014.
Les Algériens ne doivent ni en faire les frais ni en payer les pots cassés…