L’éducation et la santé sont les secteurs qui souffrent le plus de ces grèves récurrentes
Les mouvements de grève sont devenus monnaie courante chez nous. Malheureusement, ceux qui les déclenchent foulent souvent aux pieds l’éthique et les lois en vigueur.
Ce qui s’est passé, récemment, à l’aéroport international Houari Boumediene où les travailleurs avaient pris en otage les passagers, en déclenchant un mouvement de grève sans préavis, n’est malheureusement pas un cas isolé. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il a fini par indisposer tout le monde, particulièrement les citoyens qui sont nombreux à croire que ces débrayages répétés sont dirigés contre eux et qu’ils constituent, à la longue, une menace pour le pays et son économie. A l’inverse du secteur privé qui n’a pas connu de crise majeure, le secteur public vit, lui, des moments très difficiles, en raison de la cacophonie et de la grande confusion qui y règnent. Pour un oui ou pour un non, les syndicats appellent à la grève et sortent parfois dans la rue parce que la direction ou la tutelle n’a pas répondu à leurs revendications ou n’a résolu que certaines d’entre elles. L’absence de coordination et les rivalités entre les travailleurs, les syndicats autonomes et l’Ugta, ont accentué les clivages et créé un climat délétère qui s’est répercuté sur la bonne marche des institutions et des établissements publics. L’éducation et la santé sont les secteurs qui souffrent certainement le plus de ces grèves récurrentes et de ces mouvements de protestations qui ont mis à mal tout le monde. En dépit des augmentations de salaires et des rappels qu’ils ont touchés ces dernières années, les enseignants ne veulent pas cesser leurs revendications et prennent souvent en otage les élèves pour faire pression sur l’administration. C’est le cas des élèves de quatrième année moyenne et de troisième année secondaire qui sont perturbés dans leur scolarité, surtout à l’approche des examens. Une façon de procéder qui va à l’encontre de l’éthique et des textes de lois en vigueur, et que les parents condamnent parce que, selon eux, les nombreuses défections des enseignants ne profitent pas à leurs enfants et réduisent sensiblement leurs chances de réussite. Rappelons-nous les grèves qui avaient secoué la Kabylie en 1994 et avaient entraîné l’arrêt des cours durant plus d’une année, au grand dam des élèves qui furent obligés de se réinscrire ailleurs pour éviter les affres d’une année blanche. D’ailleurs, beaucoup se plaignent de la déficience de l’enseignement et de la surcharge des programmes et des salles de cours qui les pénalisent et les perturbent énormément, particulièrement les élèves du premier palier. On ne peut pas dire, pourtant, que l’Etat néglige le secteur de l’éducation. Bien au contraire, il lui est accordé un intérêt très particulier et les sommes investies dépassent le budget de fonctionnement de nombreux pays africains. Tout comme celui de la santé.
Malheureusement, l’absence d’une politique rigoureuse, capable de redonner à la santé ses titres de noblesse et la libérer de ses vieux démons et des pesanteurs qui l’entourent, a influé sur sa bonne marche et provoqué, à la longue, un dysfonctionnement au niveau de ses structures. Ce qui explique ces sautes d’humeur et ces grèves à répétition qui paralysent depuis de nombreuses années les hôpitaux, devenus un véritable supplice pour les malades qui y séjournent. Si les professionnels de la santé ont des droits, ils oublient souvent qu’ils ont des devoirs et que par conséquent ils doivent se mobiliser pour se mettre au service des malades et les soigner quelle que ce soit l’heure ou la conjoncture. Pour le président du conseil de l’Ordre des médecins, M.Bekkat Berkani, «le secteur de la santé est secoué par une crise multiforme et qu’il a besoin d’un électrochoc pour se relever». Selon lui, «tous les ministres qui se sont succédé à sa tête ont été incapables de tracer une feuille de route et préconiser des solutions idoines pour mettre un terme aux dysfonctionnements apparus tant au niveau de la gestion qu’à celui du fonctionnement des hôpitaux et des structures qui leur sont rattachées».
Citant les problèmes auxquels sont confrontés de nombreux malades qui souffrent, indique-t-il, du manque de médicaments, à l’instar des cancéreux, il plaide pour la tenue des assises de la santé qui doivent réunir, selon lui, tous les professionnels pour l’établissement d’une véritable feuille de route et mettre un terme à l’agitation qui y règne. «C’est à ce titre et à lui seul que le secteur de la santé retrouvera son aura et se consacrera à sa noble mission», a-t-il expliqué. Il en va de même pour les autres secteurs qui sont pris dans le tourbillon des grèves et des mouvements de protestation, au motif qu’ils n’ont pas de statut particulier ou qu’ils sont mal payés.