Le pouvoir veut-il ressusciter le FIS pour compenser la défection du MSP qui a basculé dans l’opposition radicale depuis l’arrivée aux commandes d’Abderazak Makri ? La question mérite, à tout le moins d’être posée, à la lumière de certaines déclarations pour le moins troublantes.
Mercredi, Hachemi Sahnouni, sans être totalement affirmatif, déclarait sur les colonnes du journal Echourouk que quinze cadres de l’ex FIS, dont Abassi Madani, Ali Benhadj et Madani Mezrag auraient été contactés pour commencer à travailler à la création d’un nouveau parti politique qui serait une sorte d’ersatz du FIS dissous.
A priori, il n’y a pas de raison d’avoir des doutes sur l’information de Sahnouni, même s’il est considéré par la tendance radicale incarnée par le tandem Benhadj /Madani comme un « traitre » après avoir rejoint avec Ahmed Merani, le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali en 1991.
La déclaration de Hachemi Sahnouni fait d’une certaine façon écho aux propos de Abdelmalek Sellal , à l’occasion de la présentation du plan d’action du Gouvernement dimanche dernier devant les députés.
Ne déclarait-il pas en effet que »le processus de réconciliation nationale sera mené à son terme », et que l’Etat « maintiendra sa politique de la main tendue en direction des égarés qui feront acte de repentance ». Tout cela, a-t-il ajouté, entre dans le cadre du parachèvement du processus de réconciliation nationale.
Et dans ce même cadre, Sellal avait lâché une petite bombe en annonçant que le président de la République avait décidé de « lever l’interdiction de sortie du territoire national au profit de certaines personnes ».
Désormais « la seule partie habilitée à interdire à ces personnes de sortir du territoire national est le juge d’instruction » a, t-il ajouté. Cette annonce faite devant les députés dimanche a eu l’effet d’un pavé dans la mare et même si Sellal s’est bien gardé de révéler les noms de ces personnes tout le monde aura compris qu’il s’agit de Belhadj, Boukhamkham, Djeddi, Guémazi, Heddam, Dhina.
Libres de leurs mouvements, ils auront toute la latitude de se concerter, de se déplacer pour mettre sur rail le nouveau parti politique.
Les observateurs n’ont pas manqué de faire le lien entre cette information et l’invitation aux consultations politiques de l’ex chef de l’AIS Madani Mezrag.
Il est convié chez Ahmed Ouyahia en tant que « personnalité nationale » après avoir été un cruel égorgeur des appelés de l’Armée Nationale Populaire (ANP) dans les monts de Jijel.
En se voyant ainsi conférer le statut de personnalité nationale, l’ex chef de l’AIS prend de la stature et devient quelqu’un de politiquement correct.
Il y a donc comme une volonté politique en haut lieu de dédiaboliser, de laver de leurs turpitudes les ex cadres du FIS pour les préparer à un futur rôle politique, au nom du « parachèvement de la réconciliation nationale ». C’est un pari fou car Abassi, Benhadj et consorts sont insolubles dans la réconciliation.