Mouton de l’Aïd: Les éleveurs mettent la barre très haut

Mouton de l’Aïd: Les éleveurs mettent la barre très haut

Par Hadj Mostefaoui

Mouton de l’Aïd: Les éleveurs mettent la barre très haut

Le mouton de l’Aïd fait courir dans tous les sens des milliers de chefs de ménage et beaucoup ne ramèneront pas chez eux la fameuse bête pour honorer ce rituel. Il faut mettre le paquet ou retourner bredouille et faire face à la colère des enfants exigeants.

Dernière ligne droite avant la fête du sacrifice et la fièvre de l’achat du bélier semble envahir tous les ménages. Les éleveurs de leur côté espèrent empocher le gros lot pour oublier les aléas et tracas de la vie quotidienne de nomade. Des éleveurs inflexibles qui n’hésitent pas à saigner le chef de famille. Certes, la quête perpétuelle des parcours, le gardiennage des bêtes – il faut savoir que le salaire d’un berger leur coûte plus de 40.000 DA /mois, avec le gite et le couvert- et l’engraissement des bêtes avant leur acheminement vers les marchés aux bestiaux revient cher.

Ces éleveurs aguerris doivent inévitablement s’apprêter à affronter une faune de maquignons et d’intermédiaires venus d’horizons lointains qui eux aussi tentent tant bien que mal de se servir à partir du haut du panier, en s’accaparant les têtes les plus grasses aux cornes fourchues et à la toison bien fournie, jouant à qui mieux-mieux pour faire monter les enchères et rafler par grappes entières des dizaines de têtes de moutons réservés à une clientèle au porte-monnaie bien garni. D’un commun accord, les éleveurs ont mis la barre très haut en fixant au préalable une même fourchette dans les trois marchés aux bestiaux d’El-Bayadh, de Bougtob et d’El-Abiodh-Sid-Cheikh, trois grandes places de la bourse du mouton qui ouvrent leurs portes séparément. Et c’est justement ce qui fait monter de plusieurs crans les prix à la vente au détail. L’agnelle, d’un poids n’excédant pas les 13 kilogrammes, est proposée à la vente à plus de 25.000 DA tandis que la brebis, âgée de quatre années, et ne dépassant guère les 18 kilogrammes, est taxée à 32.000 DA tandis que le bélier ne sera vendu, selon nombre d’éleveurs interrogés, que dans une fourchette située entre 55 et 70.000 DA l’unité. L’on a assisté à la vente de deux béliers dont le poids excède facilement les 50 kg à 90.000 DA chacun. Des lots de plus de cinq têtes sont presque happés par des intermédiaires prêts à en découdre et éliminer toute forme de concurrence. Ces derniers ne laissent aucune alternative au père de famille qui doit se faire tout petit derrière le maquignon aux aguets décidé à faire montrer les enchères et faire main basse sur les lots de moutons et les embarquer sur son camion promis pour d’autres destinations plus juteuses.

L’ouverture simultanée et le même jour de la semaine des trois principaux marchés aux bestiaux de la wilaya a été l’une des solutions formulées par l’association de défense du consommateur pour faire baisser les prix du mouton.

L’on assiste actuellement à un véritable ballet incessant de camions de transport chargés de moutons, qui assurent sans discontinuer la liaison entre le chef-lieu de la wilaya d’El Bayadh et le reste du pays, sillonnant également toute l’étendue de la steppe en quête de troupeaux, loin de toute forme de concurrence.

De leur côté, les éleveurs mettent cette hausse des prix du mouton sur le compte de la sempiternelle rareté des parcours et de la récurrente cherté de l’aliment du bétail. Des raisons qui n’arrivent plus à convaincre le client eu égard à une pluviométrie très généreuse enregistrée au cours des mois précédents. Le mouton de l’Aïd, qui n’a pas encore dit son dernier mot, vendra cher sa peau et l’on s’attend, de l’avis de nombreux consommateurs, à la poursuite de la flambée du prix du mouton.