Nous avons déposé 513 listes communales et 39 listes de wilaya
Dans cette interview, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati parle de l’affaire des 24 milliards qu’il aurait placés dans une banque suisse et prie les têtes de listes de son parti, lors des dernières législatives, de saisir la justice s’ils veulent récupérer les 500 millions qu’ils ont versés dans le compte du parti. Il parle aussi des prochaines élections locales et du bilan du mandat qui tire à sa fin.
L’Expression: Après avoir été adopté par l’APN, le plan d’action du gouvernement vient d’être débattu au Sénat. Quel est votre avis sur ce plan d’action?
Moussa Touati: Je pense que Sellal a présenté un plan d’action qui ne lui appartient pas, étant donné que son gouvernement est là pour continuer le programme du président. C’est donc un gouvernement de gestion des affaires courantes. On ne peut pas dire que M.Sellal est l’initiateur du plan d’action. Ce programme a commencé depuis 13 ans mais il n’est pas encore terminé. En réalité, il n’y a rien de nouveau dans ce programme. On attend donc ce que donnera ce plan et on espère qu’il facilitera la sortie de crise sociale et économique dans laquelle patauge le pays. Et qui s’exacerbe chaque jour davantage.
Les partis politiques ont tendance à critiquer les politiques du gouvernement mais rares ceux qui ont l’outrecuidance de présenter une alternative et un projet de société. Les partis manquent-ils à ce point de discernement ou critiquent-ils uniquement pour critiquer?
Je crois qu’il n’y a pas de critique. Vous, peut-être, vous la voyez comme critique mais en réalité, ce n’est pas une critique. D’abord, la critique dans les sociétés qui ont la maturité politique, qui sont à l’écoute de l’opposition, devront revoir le pouvoir, devront revoir la politique économique et sociale. Je crois que les partis politiques s’ils critiquent, ils critiquent le quotidien des citoyens, le quotidien de l’Etat. On ne critique pas parce qu’on aime critiquer.
S’il y a des choses de bien, on ne peut pas le critiquer. Car quelqu’un qui critique est en train d’avancer des mensonges. Là il n’y a pas de mensonge dans ce qu’on est en train de dire. On est entrain de vivre des crises, on voit que le peuple est marginalisé, on n’a pas respecté la loi, ni la Constitution, on n’a pas respecté ce peuple, ni ses valeurs. Quand on dit ça, ce n’est pas de la critique. C’est un cri du peuple qui n’arrive pas à se faire entendre et qui se fait entendre à travers des organes structurés que sont les partis politiques. Il ne faut pas dire critiquer, car critiquer est en quelque sorte un mélange de mensonge. Et ce n’est pas un mélange de mensonge qu’on est en train de dire. Nous avons un constat à faire: la Constitution est-elle respectée? Les lois de la Républiques sont-elles respectées et appliquées? Les citoyens sont-ils égaux? Est-ce que vous vivez comme le ministre ou le fils du ministre?
Ces partis demandent le changement sans pour autant, et c’est souvent le cas, en proposer les mécanismes, mais toutes les initiatives de rassemblement comment celle de la création de la Cncd et du Parlement parallèle ont échoué. Pourquoi ces échecs à votre avis?
Parce qu’il y a un pouvoir qui détient tout, il détient l’information, il donne les agréments pour créer les partis, les journaux, il gère la publicité. Il détient aussi le pouvoir de nommer les juges et les limoger. Il peut limoger un ministre, un directeur général. Il n’y a pas une gouvernance transparente. Avec tous ces agréments accordés aux partis, c’est devenu un marché public. Donc, si les démarches de changement n’aboutissent pas, c’est qu’il n’y a pas un Etat du peuple, il y a un Etat de personne. Nous sommes en train de militer pour bannir cet Etat basé sur des personnes pour instaurer l’autorité du peuple. Ce ne sont donc pas les partis qui ne s’entendent pas, c’est le système qui ne les laisse pas s’entendre.
Venons-en à votre parti, M.Touati qui a traversé toutes les crises et connu plusieurs mouvements de dissidence et de redressement mais sans pouvoir vous emporter. Que reste-t-il aujourd’hui du FNA?
Vous savez, il n’y avait pas de dissidence au FNA. Ce sont les médias qui ont gonflé les faits sans s’inspirer de la réalité ou se référer à des faits palpables. Les gens qui sont derrière ces fausses crises ne sont pas des militants. Ces crises sont beaucoup plus médiatiques que réelles. On a toujours travaillé dans la transparence et l’ouverture.
Un parti, quand il s’est fait identifier dans la société, devient la cible du pouvoir.
Mais il y a des accusations quand même graves à votre encontre comme celle du détournement et du placement de 24 milliards dans les banques suisses ainsi que celles relatives au financement de la campagne des élections législatives…
Moi, je n’ai jamais mis les pieds en Suisse et celui qui colporte de telles informations est un ancien policier qui était condamné ici et a pris la fuite pour s’installer en Espagne et créer une association. Pourquoi on parle uniquement de Moussa Touati et non de la liste globale? (M.Touati nous montre une liste sur laquelle figurent plusieurs personnalités politiques dont le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem et le président du MSP, Bouguerra Soltani).
En plus, c’est une fausse liste. Cette personne a fait ça pour obtenir l’asile politique. J’ai saisi les autorités suisses pour me donner cet argent car peut-être le pouvoir m’a versé cette somme sans m’informer, d’autant plus que l’argent algérien coule à flots. Si j’avais cette somme là, j’irai m’installer là-bas et c’est tout. Pour ce qui est des têtes de listes des législatives qui ont financé leur campagne, l’opération était transparente et l’argent est dans le compte du FNA. Ils peuvent saisir la justice.
Les élections locales du 29 novembre approchent à grands pas. Comment s’y prépare le FNA et quels seront ses thèmes de campagne?
Nous avons déposé 513 listes communales et 39 listes de wilaya. Nous avons des problèmes avec la loi elle-même, notamment celle relative au quota des femmes. Nous avons protesté contre cette loi qui n’a aucune référence ni religieuse et traditionnelle, ni est inspirée d’une loi qui existe dans un autre pays dans le monde. Cet Algérien qui a fait mieux que tout le monde, pourquoi n’a-t-il pas accordé 70% à la femme ou 50%? De quel droit a-t-il privé la femme de 20%? Nous sommes contre la loi et non contre la femme. Le thème de notre campagne sera de réhabiliter l’élu qui n’a aucune prérogative. C’est un fonctionnaire.
Le mandat des élus locaux (2007-2012) tire à sa fin. Quel bilan faites-vous du mandat de vos élus et des élus en général?
C’est un bilan très négatif étant donné qu’aucun élu n’avait un pouvoir de décision. Aucune instance élective n’a joué son rôle pleinement depuis l’indépendance. C’est l’administration qui fait tout.
