Cela fait trois meetings annulés : A Alger, Tipasa et Médéa ! Le président du Front national algérien (FNA), M. Moussa Touati, a interrompu hier sa campagne électorale et a tenu une conférence de presse au siège national du parti.
M. Touati a accusé le gouvernement de mener une contre-campagne électorale : «Depuis le début de la campagne électorale, il ne se passe pas un jour sans que des ministres sortent sur le terrain pour dire aux Algériens, nous vous avons fait ceci et cela. Ils œuvrent ainsi à démobiliser les citoyens qui ne s’intéressent plus aux élections locales. C’est une véritable contre-campagne à laquelle ils s’adonnent !» Ce faisant, le ministre de l’Intérieur, M. Daho Ould Kablia, a eu la «grosse part» des reproches formulés par M. Touati qu’il accable plutôt pour «s’être plié aux injonctions de l’Union européenne » : «Quand il déclare que nous allons prendre en compte les recommandations de l’UE, il avoue tacitement qu’il y a eu fraude auparavant. Nous refusons à ce que les élections soient organisées suivant ce que disent les Européens. Il faut que les instructions émanant des institutions algériennes répondent aux doléances des Algériens et que les lois algériennes ne soient pas dictées de l’extérieur.» Les médias aussi ont eu leur lot de reproches. «Par leurs écrits, les journalistes démotivent les citoyens. Toute la presse s’accorde à dire que cette joute électorale n’apportera rien ! Aucun journaliste n’appelle à aller voter et c’est ce qui explique la morosité de cette campagne électorale », a-t-il dit. Et tout en les invitant à corriger leurs attitudes et assumer leurs responsabilités dans ce «contexte géopolitique instable», il est allé très loin : «Nous savons que les journaux sont dépendants de la publicité dont l’opérateur public est le plus gros annonceur et qu’ils doivent se soumettre au diktat de l’Administration. Mais, nous les invitons à mesurer les conséquences d’une déroute lors de ces prochaines élections. Ils ont un rôle à jouer et ils doivent s’armer de patriotisme notamment». Il convient de signaler par ailleurs que cette interruption de la campagne électorale, M. Touati l’a voulue en solo : «Je sais maintenant ce que signifie une action politique collective en Algérie. Ce que j’avais fait pour dénoncer la fraude après les législatives, le l’ai payé tout seul. Et vous n’êtes pas sans savoir ce que le FNA avait enduré par la suite». Il s’est enfin prononcé contre une éventuelle tenue d’une Assemblée constituante : «Nous ne devons en aucun cas aller vers une Assemblée constituante. Une telle option n’exprimera pas la volonté populaire mais, verra l’élite politique, et quelle élite ! se rassembler pour décider au nom du peuple comme c’était le cas lors de la conférence de l’entente nationale à l’époque. Nous sommes plutôt pour l’écriture d’une charte nationale qui garantirait aux Algériens un choix libre à travers les élections».
L. H.
