Un grand rêveur, ce Moussa Touati
Déjà qu’avec ces vieilles techniques, l’administration a de la peine à masquer ses fraudes, on va y ajouter de nouvelles technologies!
Faut-il donner du crédit à ce que vient d’annoncer le président du FNA? Faut-il en rire, sourire ou tout simplement baisser le rideau et regarder ailleurs… Par calcul, car la naïveté est une denrée rare en politique, Moussa Touati a appelé hier, à Alger, à «garantir la transparence» lors de la prochaine élection présidentielle à travers…tenez-vous bien «un vote électronique».
Oui, il ne fabule pas, Moussa Touati souhaite un vote électronique. Pour le président du FNA, l’adoption du système électronique garantira «la régularité, la transparence et la crédibilité» de cette échéance électorale et permettra de «contrecarrer toute forme de fraude», a estimé M.Touati lors d’une conférence de presse au siège du parti. Pour convaincre- certainement pas notre administration- M.Touati a même soutenu que «l’opération électronique nécessite des moyens simples moins coûteux» par rapport aux moyens classiques, insistant sur la nécessité d’«utiliser le Fichier national qui comporte toutes les données liées à ce rendez-vous».
Par ailleurs, M.Touati a estimé que sa formation politique s’apprêtait à mettre au point un programme d’action en vue de «revoir les structures du parti et leur encadrement».
Il a enfin, appelé au respect de «la volonté du peuple» en la matière. A croire que M.Touati est fou. Ignore-il que le vote électronique comporte des méfaits? C’est un genre de scrutin froid, sans contact et sans chaleur humaine. Que deviendra toute la faune qui se chargera de l’opération du vote? Que deviendront alors les vieilles pratiques du bourrage des urnes, cet oxygène de l’administration à travers lequel respire tout un système? Que deviendra le «débat» sur le vote des militaires dans les casernes ou dans leurs communes d’origine, le vote par procuration, le problème du fichier électoral, parfois trituré, souvent escamoté, à la question des faux électeurs, des votants qui ne font plus partie de ce monde et tout le cortège qui accompagne une élection et auquel s’accommode parfaitement notre administration à force de le répéter pendant 50 ans.
Déjà, qu’avec ces vieilles techniques, l’administration a de la peine à masquer ses fraudes, on va rajouter de nouvelles technologies! Non, ce ne sera pas possible tant que le système considérera que les nouvelles technologies constituent une menace pour sa survie. Il ne faut pas être dans le secret des dieux pour connaître le sort du vote électronique.
A peu près le même que celui réservé à l’ouverture des médias lourds et exactement identique a celui qu’a connu la 3G. Pour s’en convaincre, il faut se rappeler de deux événements qui renseignent sur la dangerosité – pour le système – de la 3G, des nouvelles technologies. On se souvient des images en direct sur YouTube qui montraient le bourrage des urnes. Qui ne se souvient pas des images à Tébessa quand des responsables d’un bureau de vote bourraient l’urne sans aucun scrupule? Imaginons un instant que l’Algérie disposait de la 3G. Cette vidéo aurait fait le tour du pays et des millions d’Algériens suivront le bourrage des urnes en direct.
Un risque potentiel de soulever le pays et de verser dans les émeutes. Il y a quelques semaines, on a également assisté à un tout autre trafic, mais tout aussi dangereux. Il s’agit de la triche à l’examen du Bac.
Avec ce même système de nouvelles technologies, on a vu des élèves tricher en groupe. Là encore, imaginons que l’Algérie avait la 3G: des émeutes du Bac garanties. Et avec tout ça, Moussa Touati souhaite le vote électronique à la prochaine présidentielle?