Mourad Oulmi, président de l’AC2A «L’Etat doit réguler le marché du véhicule d’occasion»

Mourad Oulmi, président de l’AC2A «L’Etat doit réguler le marché du véhicule d’occasion»
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Invité au forum du quotidien Liberté, Mourad Oulmi, le président l’Association des concessionnaires automobile d’Algérie, a décliné sa vision sur le processus à suivre pour le développement de l’industrie de l’automobile en Algérie. Pour le président de l’AC2A, il y a plusieurs pistes à étudier.

Dans son intervention, il prendra comme exemple le Maroc, la Tunisie et l’Afrique du Sud. Pour le premier pays cité, sa politique est axée sur l’assemblage des voitures, le second pays, c’est-à-dire la Tunisie, sa politique est carrément orientée vers la fabrication de la pièce détachée. « La Tunisie a investi environ 750 millions d’euros dans l’industrie de fabrication de la pièce détachée. Elle a fixé comme objectif d’atteindre 7,4 milliards d’euros d’exportations d’ici à 2016 », a fait savoir Mourad Oulmi.

Par ailleurs, le PDG de Sovac estime que l’usine de Renault, implantée à Oued Telilat (Oran) pas rentable. « Pour être rentable dans ce genre d’investissement, il faut au moins produire 100.000 à 150.000 véhicules par an voire plus », a-t-il expliqué soulignant que « Renault Algérie fait de l’assemblage de véhicules. Un véhicule assemblé en Algérie, c’est-à-dire importé en SKD, coûte entre 2 000 à 3 000 euros, soit plus cher que le véhicule importé en entier. « C’est une manière de soutenir l’industrie des pays étrangers », a-t-il martelé sans pour autant mettre en cause la décision du gouvernement de mettre en place cette usine qui peut être un puissant stimulant pour d’autres constructeurs qui veulent investir dans le marché algérien.

S’agissant du cas de l’Afrique du Sud, Mourad Oulmi semble être séduit par le modèle adopté par ce pays dans ce domaine. « L’Afrique du sud a aménagé une immense zone industrielle dotée de toutes les infrastructures et les commodités nécessaires qu’il a mis à la disposition des investisseurs dans le domaine de l’automobile sous forme de location », a-t-il dit, signalant aux passages que les contraintes administratives et l’accès au foncier industriel ne se posent plus comme c’est « le cas dans notre pays». Pour lui, le modèle à choisir n’est pas du ressort des investisseurs. « C’est aux pouvoirs publics de nous dire la politique à suivre », a-t-il martelé.

En ce qui concerne les rencontres du FCE avec les institutions de l’Etats, Mourad Oulmi, qui est aussi président de la Commission sous-traitance et de l’investissement industriel au sein du Forum des chefs d’entreprises, est revenu sur l’audience avec le ministre de l’Industrie. « Nous avons expliqué au ministre la vision du FCE pour le développement de la filière de l’industrie automobile. Nous avons eu un dialogue constructif, sincère et transparent où nous avons exposé nos préoccupations», a-t-il avoué. Sur un autre sujet, le conférencier a indiqué que « l’AC2A est totalement favorable » au décret exécutif fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de concessionnaire de véhicules neufs, en attendant les textes d’application.

Quel sera le sort des importateurs multimarques ? « Ils doivent s’adapter au nouveau contexte économique du pays », a-t-il répliqué avant de rappeler que « 70% des entreprises de l’automobile en Algérie sont détenues par des capitaux étrangers. » Mourad Oulmi dans sa réponse proposera justement l’intégration du marché des véhicules d’occasions dans l’activité régulière des concessionnaires. « L’Etat doit réguler ce marché qui représente près de 800.000 véhicules, soit la moitié du nombre de véhicules importés en 2014. L’Etat est perdant puisqu’il ne prélève aucune taxe, le consommateur n’est pas protégé puisqu’il ne bénéficie d’aucune garantie », a estimé Mourad Oulmi qui table néanmoins sur la création de 10.000 postes d’emplois dans le cas où le marché informel de véhicules est intégré dans le circuit économique, avec l’ouverture de points de vente, les ateliers de maintenance pour vendre sous garantie et surtout avec le paiement des impôts.

Mahmoud Chaal