La tension semble s’apaiser entre Alger et les nouveaux maîtres de Tripoli, les responsables du Conseil national de transition libyen (CNT). Des «contacts directs» ont, en effet, été établis entre les responsables algériens et libyens depuis quinze jours, a affirmé dimanche le ministre des Affaires étrangères
, Mourad Medelci, qui a rappelé la position algérienne à propos du conflit libyen qui consiste en la reconnaissance du CNT «après la formation d’un gouvernement représentatif du peuple libyen».
«Il y a des contacts au niveau des responsables algériens et libyens, lesquels sont devenus directs depuis quinze jours. Nous ferons en sorte que ce dialogue se développe», a affirmé M. Medelci lors d’un point de presse animé conjointement avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga, au terme de la 11e session mixte de coopération algéro-malienne.
«Toutefois, j’estime que nous avons été clairs vis-à-vis de nos frères du CNT concernant la nécessité de former un gouvernement représentatif du peuple libyen avec toutes ses sensibilités. Par la suite nous le reconnaîtrons immédiatement», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne qui a qualifié pour la première fois le conflit libyen de «révolution».
S’agissant des membres de la famille de Mouammar Kadhafi entrés en territoire algérien le 29 août dernier, le ministre a rappelé que ces membres ont été accueillis en Algérie «pour des raisons humanitaires, dans la mesure où ce groupe est constitué essentiellement
de femmes et d’enfants». «Après l’entrée sur le territoire algérien de la famille de Kadhafi, nous avons immédiatement fermé la frontière», a-t-il dit, soulignant qu’il était «hors de question que cette décision exceptionnelle et à caractère humanitaire soit interprétée comme une possibilité pour d’autres de traverser la frontière».
«C’est pour cette raison que la frontière a été fermée et elle est bien fermée», a indiqué Medelci. Répondant à une question sur la décision de l’Algérie d’accueillir la famille de Kadhafi et qui serait contraire à la résolution 1970 de l’ONU, Medelci a réaffirmé que «l’Algérie travaillera avec l’ONU dans le sens de la mise en oeuvre de toutes les décisions prises dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité».
«Nous avions la responsabilité d’accueillir des gens qui étaient dans le besoin d’être accueillis, car si nous ne l’avions pas fait, ces personnes ne seraient pas aujourd’hui parmi les vivants», a-t-il précisé non sans indiquer en réponse à une question sur la circulation des armes en Libye que «la Libye», comprendre le CNT
«est responsable de fait» de la circulation de ces armes que le ministre espère voir récupérées avant qu’elles ne tombent dans des mains malintentionnées. «Les autres pays de la région (Niger Mali Algérie, Maurétanie…) sont également responsables des armes qui circulent sur leur territoire», a-t-il précisé.
«Nous travaillons pour que la Palestine adhère à l’ONU»
S’exprimant sur l’adhésion de la Palestine à l’ONU, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que «tous les pays arabes oeuvrent à convaincre un plus grand nombre de nations dans le but de recueillir davantage de soutien en faveur des Palestiniens»,
dont les revendication sont «légitimes» tout comme celles des Sahraouis dont l’Algérie et le Mali, qui ont signé plusieurs accords de coopération, ont réitéré leur «engagement à soutenir la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies qui réaffirment, toutes, le droit à l’autodétermination du Sahara occidental».
Le ministre algérien a estimé par ailleurs que les prochains jours s’annoncent «décisifs» quant à l’objectif d’adhésion de la Palestine à l’ONU. M. Medelci a annoncé qu’une réunion de la commission de l’Initiative arabe, à laquelle l’Algérie prendra part, devait se tenir hier au Caire.
S’agissant de la situation en Syrie, M. Medelci reconnaît qu’elle est «complexe», soulignant que le «dénominateur commun» entre les pays arabes sur la Syrie, consiste à «aider les autorités de ce pays et les convaincre d’arrêter l’effusion du sang pour entamer de manière effective des réformes».
Une réunion de concertation entre les ministres arabes des Affaires étrangères pour «évaluer la situation en Syrie et sortir probablement avec une position arabe unifiée», est prévue prochainement, a-t-il dit. «Nous sommes en contact avec nos frères syriens par le biais de la Ligue des Etats arabes et bientôt nous aurons probablement des contacts bilatéraux», a-t-il ajouté.
Signature de plusieurs accords de coopération entre Alger et Bamako
Concernant les travaux de la 11e session de la Commission mixte de coopération algéro-malienne qui se sont achevés par la signature de plusieurs accords «renforçant» la base juridique de la coopération bilatérale, le ministre des Affaires étrangères
a exprimé dans son intervention à la cérémonie de clôture sa satisfaction pour la signature d’accords de coopération dans les domaines notamment de la recherche et du sauvetage des aéronefs, des technologies de l’information et de la communication et entre les Chambres de commerce des deux pays.
M. Medelci a affirmé que les résultats obtenus par la commission constituent de «nouveaux jalons» dans le développement de la coopération bilatérale. «Nous considérons ces accords particulièrement positifs dans la mesure où les deux pays ont ouvert de nouveaux horizons à leur coopération en même temps qu’ils ont conforté et pérennisé les domaines traditionnels d’échange», a-t-il dit.
Il a exprimé sa conviction que la coopération algéro-malienne connaîtra une «nouvelle dynamique» grâce aux instruments juridiques signés par les deux parties et aux opportunités d’affaires et de partenariat identifiés au cours de la réunion dans différents domaines.
Il s’agit notamment de la coopération transfrontalière, de l’énergie, des technologies de l’information et de la communication, de la santé, du commerce, de l’agriculture et d’autres secteurs tout aussi porteurs d’opportunités de partenariat, a-t-il précisé.
La formation, l’assistance technique et l’échange d’experts et d’expertise figurent parmi les propositions de coopération formulées lors de la session qui a été, selon Medelci, «une excellente opportunité pour un large échange de vue sur les question régionales et internationales, en particulier la situation qui prévaut dans la région du Sahel».
«Nos deux pays ont convenu de redoubler d’efforts et de mobiliser tous les moyens de concert avec les autres pays pour faire du Sahel une région de paix», a ajouté Medelci qui a évoqué la nécessité des «efforts collectifs» dans la lutte «résolue» contre le terrorisme et la grande criminalité. Le ministre a enfin annoncé une visite en Algérie qu’effectuera prochainement le président malien à l’invitation du président de la République.
Par Saïd Mekla