«L’Algérie, de par son histoire, est contre l’intervention étrangère»
Le ministre s’est permis de donner des leçons de diplomatie au Forum de Doha.
C’est à partir du Qatar, pays où la ligne diplomatique est à l’inverse de celle de l’Algérie, que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé hier que «l’Algérie est, de par son histoire, contre l’intervention étrangère». Il a, en effet, cette fois-ci, haussé le ton pour rappeler que pour «des raisons différentes, l’Algérie a sa propre évaluation de ces interventions, qui peuvent être porteuses, à court terme, de solutions et, à long terme, de problèmes».
S’exprimant lors de la deuxième journée du Forum de Doha et de la Conférence économique intitulée «Enrichir l’avenir économique du Moyen-Orient», M.Medelci s’est permis de donner des leçons de diplomatie aux pays participants, sachant que ces derniers s’inscrivaient dans le sillage de Cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar.
Un sultanat, fervent défenseur de l’internationalisation des crises dans les pays arabes, qui s’est à chaque fois, heurté à une position algérienne réaffirmant le principe de non-ingérence. Un principe dont l’Algérie, contrairement au Qatar, a fait un principe sacro-saint. D’ailleurs, les frictions entre les deux pays ont commencé avec les révoltes arabes au sujet desquelles la position algérienne n’a jamais été du goût de Doha.
Comme pour dire que le temps a donné raison à la position algérienne à propos des révoltes arabes et les interventions étrangères qui s’ensuivirent, M.Medelci a soutenu que la communauté internationale «doit s’autoévaluer sur les interventions qu’elle a déjà effectuées», ajoutant que l’exigence de transparence des affaires internes des pays «doit s’accompagner aujourd’hui de la transparence dans la gouvernance mondiale».
En outre, le chef de la diplomatie algérienne a noté, lors de la troisième session consacrée aux défis du «printemps arabe», que la construction démocratique «est une oeuvre de longue haleine, qui a besoin d’être accompagnée par les partenaires étrangers sans intervention dans les pays concernés». De ce fait, il a appelé à «une réforme de l’ONU pour permettre à la communauté internationale de trouver les solutions appropriées au moment opportun et non pas créer d’autres problèmes».
Au cours des travaux du 12e Forum de Doha, consacrés aux thèmes des «changements politiques et les droits civils au Moyen-Orient», «l’économie et le commerce libre» et «la démocratie et les défis du printemps arabe», le ministre des Affaires étrangères a mis l’accent sur le besoin d’indépendance de la société civile, d’autonomisation des femmes, de lutte contre la violence domestique et d’intégration des groupes ethniques et des minorités à travers un processus démocratique inclusif.
Dans ce sillage, les intervenants ont souligné enfin que les solutions aux crises cycliques «passent par une réforme du système financier international incapable de faire face à la complexité des relations économiques et financières internationales».