Cette extradition pourrait baliser le chemin à l’organisation du procès en appel, un procès qui risque d’éclabousser nombre de personnalités.
Réfugié en Grande-Bretagne depuis 2003, Abdelmoumene Khalifa, à l’origine du plus grand scandale financier de l’Algérie indépendante, sera finalement extradé avant la fin de l’année en cours.
Ses multiples recours introduits auprès de la justice britannique ont été épuisés. C’est ce qu’a annoncé hier le ministère britannique de l’Intérieur. “M. Khalifa s’est vu refuser d’interjeter appel devant la Cour suprême le 3 décembre. Il va être extradé dans les 28 jours qui font suite à cette date”, selon un communiqué du ministère, repris par l’AFP. “Tous les recours de Rafik Khalifa pour empêcher son extradition vers l’Algérie ont été rejetés par les autorités britanniques”, a indiqué, pour sa part, la procureure adjointe du tribunal correctionnel de Nanterre (région parisienne), Marie-Christine Daubigney, au cours d’une audience de procédure.
Cette situation équivaut, selon cette magistrate, citée par l’AFP, à une “décision définitive” de la Grande-Bretagne en faveur de l’extradition de l’ancien magnat algérien. Avec cette extradition, le procès en appel, initialement prévu en avril dernier avant d’être reporté en raison d’absence d’accusés et de vérification de cas de décès, pourrait être reprogrammé prochainement. Selon Me Bourayou, le procès “pourrait être programmé même avant l’élection présidentielle”. “Ils (les magistrats) ont dû disposer d’éléments d’information, c’est la raison pour laquelle le procès en appel avait été reporté”, présume-t-il.
Le procès de Khalifa en France, où il est poursuivi pour “banqueroute et détournement” devrait, lui, avoir lieu du 2 au 20 juin 2014. Condamné en Algérie à perpétuité par contumace en 2007, lors du procès en première instance, le tycoon algérien est poursuivi notamment pour “association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux” dans l’affaire de la faillite de la Banque éponyme.
Jeune pharmacien, Abdelmoumene Khalifa, fils d’un ancien officier des services de renseignements, Laroussi Khalifa, et originaire de Béjaïa, a réussi à la fin des années 1990 à ériger tout un empire autour d’une banque, une compagnie aérienne, une société de location de voitures de luxe et d’une chaîne de télévision.
Employant quelque 20 000 personnes, il s’est forgé une réputation de golden-boy, ayant ses entrées au sein du sérail, s’affichant avec la nomenklatura, organisant de fastueuses soirées en côte d’Azur, en présence de grandes stars internationales et arrosant une clientèle qui se recrute dans diverses sphères.
Sa chute brutale en 2003 — qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, probablement pour des raisons aussi politiques — a causé un grave préjudice estimé autour de 5 milliards de dollars à l’État algérien et aux épargnants. L’extradition, qui intervient à quelques mois de la présidentielle, pourrait donner lieu à un procès qui risque d’éclabousser de nombreuses personnalités politiques. Peut-être même parmi celles qui postuleront à la magistrature suprême.
K K