L’Algérie doit se réapproprier sa politique commerciale extérieure et en faire un instrument de développement économique, a estimé, hier, Mouloud Hédir, spécialiste des dossiers du commerce international et des négociations multilatérales, invité au forum économique du journal El Moudjahid.
“Il faut que nous assumions, officiellement, l’ouverture économique de notre pays”, précise Mouloud Hédir, critiquant l’imposition du crédit documentaire comme unique mode de paiement du commerce extérieur, pour réduire les importations. “On a enrichi les banques et appauvri des producteurs”, a estimé M. Hédir. Selon lui, il fallait aller à la source du problème ; en d’autres termes, regarder les conditions dans lesquelles la politique commerciale extérieure est conduite. Mouloud Hédir évoque, également, les mesures restrictives pour l’investissement étranger prises par l’Algérie, alors qu’elle a signé un accord d’association avec l’Union européenne qui stipule que les conditions d’investissement sont libres. M. Hédir parle aussi du statut des entreprises, des marchés publics… qu’il faut mettre sur la table des négociations. Hédir souligne “l’absurdité” de la politique économique actuellement menée. Il est plus facile d’importer, de tous les pays du monde, n’importe quelle marchandise, non prohibée, que d’investir et de produire en Algérie. Notre économie serait le paradis des importateurs, très actifs sur tous les marchés du monde. “Il faut mettre en cohérence la politique commerciale et celle d’investissement car elles sont extrêmement liées”, souligne M. Hédir, préconisant de moduler la règle des 51/49% selon les cas. “Il faut des politiques sélectives”, a-t-il estimé.
Mouloud Hédir critique également le système des subventions à la consommation, qui, indirectement, instaure la dépendance de l’Algérie. “Les subventions finissent dans les poches des producteurs étrangers”, a-t-il soutenu. Mouloud Hédir estime que l’Algérie “ne peut se permettre d’être en dehors de l’OMC”. Selon lui, “il n’y a pas un meilleur lieu pour défendre ses intérêts que d’être à l’intérieur de cette organisation”.
Mouloud Hédir rappelle que notre pays est aujourd’hui le plus vieux négociateur de l’accession dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De nombreux candidats, venus bien après l’Algérie, ont bouclé le processus sans coup férir. Le dossier d’accession de l’Algérie date de 1987. Mouloud Hédir indique qu’à l’époque, l’Algérie aurait pu intégrer le Gatt (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) “d’une façon extrêmement facile”. Si l’Algérie avait adhéré au Gatt, elle aurait profité de sa transition vers l’OMC (1994-1995) pour éviter son actuel chemin de croix. Après la création de l’OMC, explique M. Hédir, “il y a eu un durcissement des conditions d’entrée. Les conditions de la négociation ont complètement changé”. Mouloud Hédir qualifie le processus de négociation de l’Algérie “de trop long”. “Et ce qui est dommageable pour l’image de notre pays, c’est qu’on ne sait pas pourquoi le processus est bloqué ?”, a-t-il regretté.
Personne ne l’a jamais expliqué clairement. Mouloud Hédir estime que l’Algérie “est dans une conception du commerce international du XIXe siècle” alors que des mutations importantes sont intervenues dans l’économie mondiale. “La scène économique mondiale au cours des trente dernières années a changé radicalement”, a-t-il indiqué. Pour rappel, le ministre du Commerce a annoncé récemment que la 11e réunion formelle des négociations multilatérales pour l’accession de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce se tiendra le 5 avril prochain à Genève.
M. R